Bouleversement (1ère partie) (Art. 4)
(ARTICLE 4)
À cette
époque, je contemplais l’idée d’offrir ma démission à la paroisse en tant qu’organiste
(depuis trois ans déjà à temps plein, malgré mon jeune âge) et membre du comité
de liturgie. Quelque chose se ‘refroidissait’ en moi. Comme j’avais 18 ans, s’ajoutaient
mes rêves de liberté, d’autonomie, je désirais prendre mes distances en ce qui
concernait la façon de vivre de mes parents, leurs croyances, leur vision du
monde. Pourtant, plus tard j’ai compris qu’ils vivaient d’extraordinaires
valeurs et que leur pratique religieuse s’avérait en parfaite harmonie avec
leur vie quotidienne faite d’accueil et d’amour inconditionnels … Quand on ‘lutte’
pour définir sa propre identité et sa place dans l’univers, on oublie parfois
de regarder dans le ‘coffre à outil’ légué par ceux et celles qui nous ont
précédés. On s’imagine pouvoir faire table rase de ce qui vient ‘d’en haut’ et tout
réinventer à notre manière, bien meilleure, croyons-nous. C’est comme si des ‘écailles’
recouvraient nos yeux. Il arrive que nous ayons un préjugé défavorable par
rapport à nos aînés. J’imagine qu’il faut passer par là pour se construire,
mais on comprend plus tard qu’une autre manière de faire et de penser aurait
été possible, celle de marcher dans les pas de nos prédécesseurs et profiter
des sentiers battus qu’ils ont parfois eux-mêmes ouverts à la sueur de leur
front et l’énergie de leur cœur. ‘Si jeunesse savait…’, elle se ferait moins
mal…
Revenons à
cette invitation, providentielle, du fameux prêtre. Avec réticence, mais
beaucoup de curiosité, j’ai accepté de suivre mes parents et mon petit frère à
la soirée dite ‘charismatique’. Je n’avais aucune idée de ce que signifiait ce
terme. Mystère et boule...d’anxiété. Mon petit frère et moi avions le rire
facile, mais en tant que pince-sans-rire, j’avais développé l’art de faire
éclater celui-ci et d’avoir, de mon côté, l’air d’un pieux saint, étonné de
l’attitude déplacée de mon frangin. Imaginez quand nous avons entendu les gens
chanter et prier en langues… Fou rire nerveux assuré auquel, malgré tous mes
efforts de volonté, j’ai succombé aussi. Au point que mes parents, rouges de
honte, nous ont demandé de changer de place dans la salle! Mauvais souvenir.