Bouleversement (1ère partie) (Art. 4)


(ARTICLE 4) 

Alors que je m’éloigne progressivement de mon port d’attache spirituel, mes parents veillent au grain, et quelques prêtres qui avaient avec ma famille des liens d’amitié de longue date répondaient à l’appel de mon père et de ma mère pour offrir conseils et prières, et les aider à m’accompagner dans mon cheminement (psychologique, moral, spirituel, etc) qui –au cœur d’un monde en profonde mutation- les inquiétait. Et je n’ai pas eu l’adolescence tranquille, disons…Ma mère avait travaillé comme ménagère en paroisse, et aussi chez les Oblats de la rue Saint-Denis, et elle était restée en contact avec, entre autres, le Père Pelletier et le Père Villeneuve. Je ne me souviens plus duquel, mais l’un d’eux, un jour, appela à la maison pour nous offrir de participer à une soirée de prière se tenant à l’école Dominique-Savio, rue St-Hubert, je crois. Je devine qu’il avait perçu lors de ses visites à la maison que le grand Jean-Pierre ‘prenait l’bord’ (pardonnez-moi l’expression) de l’indifférence religieuse, peut-être pire.

À cette époque, je contemplais l’idée d’offrir ma démission à la paroisse en tant qu’organiste (depuis trois ans déjà à temps plein, malgré mon jeune âge) et membre du comité de liturgie. Quelque chose se ‘refroidissait’ en moi. Comme j’avais 18 ans, s’ajoutaient mes rêves de liberté, d’autonomie, je désirais prendre mes distances en ce qui concernait la façon de vivre de mes parents, leurs croyances, leur vision du monde. Pourtant, plus tard j’ai compris qu’ils vivaient d’extraordinaires valeurs et que leur pratique religieuse s’avérait en parfaite harmonie avec leur vie quotidienne faite d’accueil et d’amour inconditionnels … Quand on ‘lutte’ pour définir sa propre identité et sa place dans l’univers, on oublie parfois de regarder dans le ‘coffre à outil’ légué par ceux et celles qui nous ont précédés. On s’imagine pouvoir faire table rase de ce qui vient ‘d’en haut’ et tout réinventer à notre manière, bien meilleure, croyons-nous. C’est comme si des ‘écailles’ recouvraient nos yeux. Il arrive que nous ayons un préjugé défavorable par rapport à nos aînés. J’imagine qu’il faut passer par là pour se construire, mais on comprend plus tard qu’une autre manière de faire et de penser aurait été possible, celle de marcher dans les pas de nos prédécesseurs et profiter des sentiers battus qu’ils ont parfois eux-mêmes ouverts à la sueur de leur front et l’énergie de leur cœur. ‘Si jeunesse savait…’, elle se ferait moins mal…

Revenons à cette invitation, providentielle, du fameux prêtre. Avec réticence, mais beaucoup de curiosité, j’ai accepté de suivre mes parents et mon petit frère à la soirée dite ‘charismatique’. Je n’avais aucune idée de ce que signifiait ce terme. Mystère et boule...d’anxiété. Mon petit frère et moi avions le rire facile, mais en tant que pince-sans-rire, j’avais développé l’art de faire éclater celui-ci et d’avoir, de mon côté, l’air d’un pieux saint, étonné de l’attitude déplacée de mon frangin. Imaginez quand nous avons entendu les gens chanter et prier en langues… Fou rire nerveux assuré auquel, malgré tous mes efforts de volonté, j’ai succombé aussi. Au point que mes parents, rouges de honte, nous ont demandé de changer de place dans la salle! Mauvais souvenir.

Suite à cette plongée dans un monde étrange, en demandant humblement des explications à celui qui nous avait invités, nous avons mieux compris le phénomène et avons été capables de garder notre sérieux lors des réunions subséquentes… Parce que hé oui, étonnamment, nous y sommes retournés! Quelque chose… en fait, Quelqu’un, nous y attirait intensément. Les soirées se sont bientôt déplacées à l’église Christ-Roi où la foule était vraiment très nombreuse. À partir de là, les choses se sont accélérées pour moi : nous avons été invités à faire partie d’un petit groupe de prière à l’église Saint-Pierre-Apôtre, dans le Centre-Sud de Montréal, tous les lundis. Cela nous convenait mieux. Le Seigneur m’y attendait d’une manière pour le moins bouleversante.

«On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le lampadaire, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.» Matt 5,15

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