«Me voici!» (Hors-série)

(Avec ma mère; comme diacre, je porte la magnifique étole, en diagonale. Prêtée par mon curé Jean, il l'avait reçue de Mme France Hervieux, artisane spécialiste de cet art précieux. Je vous invite à visiter le site suivant qui nous fait connaître la fameuse ceinture dite 'de l'Assomption'. Sur la vidéo, vous y rencontrerez justement France, qui s'est beaucoup impliquée dans la paroisse avec son époux, Claude St-Jean, historien.
https://traditionsvivantes.com/article/ceinture-flechee-a-lassomption/ )

Il y a 37 ans, le 20 janvier 1988, j’étais ordonné diacre transitoire par Mgr Cimichella, dans la magnifique chapelle du Grand Séminaire de Montréal, en même temps qu’un autre futur prêtre. Plusieurs ministères dit ‘mineurs’ (comme le lectorat) étaient aussi conférés à des confrères en cette soirée où la météo ne nous avait pas gâtés : gros verglas sur tout le sud du Québec. Malgré tout, l’immense vaisseau était rempli à pleine capacité de parents et d’amis, de paroissiens, sans oublier les prêtres du Séminaire et de nos communautés. Des diacres permanents prenaient aussi part à la cérémonie solennelle. (https://www.carrefourintervocationnel.ca/fr/diacres) Et, belle joie supplémentaire pour moi: une douzaine de jeunes de l'Assomption et de Ville Saint-Laurent (1er stage) ont répondu à l'invitation.

Mais, qu’est-ce que le diaconat transitoire? D’abord, précisons ceci : quand on parle de diaconat, qu’il soit transitoire ou permanent, il s’agit du même sacrement, celui de l’Ordre, absolument conféré par un évêque; il se constitue de trois degrés : le diaconat, le presbytérat et l’épiscopat. Pour en savoir davantage sur le diaconat permanent qui fut rétabli, dans la foulée du Concile Vatican II, après des siècles d'absence dans l’Église catholique romaine, je vous invite fortement à suivre le lien ci-haut. Vous y trouverez un trésor de renseignements au sujet des différentes vocations (j’ai connu le directeur du Carrefour lors de mon séjour à Laval; non seulement l’organisme avait pignon sur rue dans la paroisse St-Gilles, mais François y avait aussi le ‘chapeau’ de marguillier, le plus jeune du groupe, d’ailleurs.).

Quand on parle du diaconat transitoire, ce premier degré du sacrement de l’Ordre s’avère donné en vue de l’ordination presbytérale à venir (un délai de six mois minimum entre ces deux degrés). Pour bien saisir le sens profond de la diaconie, je vous suggère aussi le site suivant : www.diaconat.catholique.fr

Le diacre se veut un homme de service, liturgiquement et socialement. Deux volets indissociables de l’engagement en Église. On voit assez souvent ces hommes à l’ambon, proclamant l’Évangile et donnant l’homélie, ou à l’autel, assistant le prêtre. Quelques paroles et gestes lui sont réservés lorsqu’il est présent, comme de porter l’Évangéliaire en procession, ou présenter le calice pendant que le prêtre présente l’hostie consacrée, par exemple, à la doxologie (le fameux ‘Par lui, avec lui et en lui…’) ou encore l’invitation à l’assemblée de se souhaiter la Paix, et l’envoi final. Plusieurs animent des célébrations de la Parole, à l’église, dans des RPA ou dans des Salons funéraires. On les voit moins dans leurs projets caritatifs ou d’éducation à la foi, parce que cela ne se vit pas toujours directement sur le territoire paroissial; pourtant ils y sont généralement très impliqués, cela faisant partie d’office de leur tâche. J’ai connu des diacres engagés dans le Café Chrétien (à l’époque…), à la Maison du Père, l’Accueil Bonneau, ou dans la distribution de repas aux sans-abris dans un parc de la ville, par exemple. D’autres s’impliquent dans le soutien des endeuillés après les célébrations ou la visite des malades avec communion ou non (à domicile, à l’hôpital ou dans des CHSLD). Et j’en passe. Des personnes certainement précieuses dans la vie ecclésiale de notre époque.

Comme diacre transitoire, notre engagement se vit prioritairement en paroisse –où le caritatif et le liturgique sont fondamentaux- puisque il s’agit du lieu dans lequel la plupart des candidats continueront de servir après l’ordination presbytérale. Dans mon cas, je donnais déjà l’homélie à l’occasion (depuis le premier stage) mais quel bonheur, à partir de février 1988, de pouvoir conférer le baptême! De plus, le diacre peut présider le rite du mariage (un sacrement en lui-même) sans messe. Personnellement, je me rappelle avoir écourté un séjour à l’université Laval de Québec où se déroulait le Carrefour provincial annuel des futurs-prêtres (un des conférenciers marquants : Jacques Grand’Maison, sociologue et théologien!) afin de pouvoir célébrer mon premier mariage, à l’Assomption, à la demande d’un couple d’amis. Ils avaient aussi souhaité que Jean Robillard préside la messe. Deux pour le prix d’un; quel duo. Je peux vous dire que l’aube me servait bien pour cacher les tremblements de mes jambes! Cela paraît si facile, aux yeux des gens de l’assemblée. Mais quels grands défis que ces premières actions sacramentelles pour un débutant. Et une Joie spirituelle à la mesure de ces défis, il faut le dire.

Un diacre peut aussi, bien entendu, présider des funérailles (sans la messe). Ça se vit assez régulièrement, d’ailleurs. Moi, je n’ai pas eu l’occasion de le faire avant mon ordination presbytérale (en passant, on ne dit pas ‘sacerdotale’ puisque tous les baptisés vivent un sacerdoce commun, ‘Prêtres, prophètes et rois’, pas seulement le prêtre ordonné). Mes premières funérailles avec messe, quelle épreuve, furent celles de ma tante (sœur de ma mère) et marraine, Marie, à l’automne ‘89. Tant qu’à plonger… Mais vous imaginez un peu la chose : accomplir pour la première fois quelque chose d’aussi difficile –particulièrement l’homélie- devant toute la parenté? Avec la sensibilité que vous me connaissez… Inoubliable. Je pense que j’en suis resté marqué. Un cousin avait trouvé tante Marie, décédée subitement d'un infarctus massif à l'âge de 73 ans. Choc. Peine: l'espérance chrétienne ne nous exempte pas de cela.

J’ai donc vécu mon diaconat de janvier ’88 à juin ’89. Même si pour la plupart des gens, cela ne semble qu’un simple ‘échelon’ vers l’accès au presbytérat, il n’en demeure pas moins que, en ce soir du 20 janvier, j’ai répondu ‘Me voici’, à l’appel de l’évêque, et offert mon oui définitif à Dieu et à l’Église sous la forme de deux promesses : le célibat et l’obéissance à mon épiscope, sans oublier l’engagement à prier le bréviaire au quotidien.

En vérité, j’aurais pu demander le deuxième degré du sacrement plus tôt que je l’ai fait mais, allez comprendre, je ressentais fortement le besoin de goûter à plein les grâces spécifiques de cet état de vie, même si je portais un désir fou de présider l’Eucharistie et d’offrir le sacrement du Pardon. Difficile de mettre des mots sur une réalité spirituelle si profonde mais je peux vous dire que j'ai grandement profité de ce temps de mûrissement.

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