Messages

On étrenne le nouveau -2 (59)

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Pour revenir à la paroisse... Lorsque les gens ont saisi que j'aimais prendre mon temps pour célébrer, et que j'essayais de résumer toute la théologie biblique dans chacune de mes homélies, les poignets portant une montre ont commencé à se lever ostentatoirement à quelques reprises durant la messe, et les rangs s'éclaircissaient de semaine en semaine. Pas dupe, le nouveau, ni blessé de ça. J'avais encore beaucoup à travailler dans ma manière de servir, tout en restant moi-même. Ma conviction profonde, de toujours: prendre du temps pour Dieu ne constitue jamais du temps perdu, au contraire. Je ne citerai pas le 'Petit Prince' mais vous voyez ce que je veux dire: le temps consacré à sa rose... Toutefois, il faut veiller à l'équilibre des choses. La capacité d'attention des humains a ses limites et nos bancs d'église ne se distinguent pas par leur confort. Des sacrements à offrir, il y en avait beaucoup à l'Assomption, à cette époque, je l'ai pl...

On étrenne le nouveau!-1 (58)

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 Au retour des vacances 1989, j'ai vécu la vie habituelle d'un prêtre-vicaire, à grande vitesse. Jean m'avait dit dans son homélie, lors de ma première messe, qu'il me faudrait descendre du Thabor jusque dans la plaine, après la 'lune de miel'.  L'heure était venue. Oh que si! Je n'ai jamais tant fait d'écoute individuelle (counseling) de confessions et d'Eucharisties de toute ma vie. Pour vous faire sourire: un aîné, venu recevoir le sacrement du Pardon, me dit, à la fin: «je ne reviendrai jamais plus me confesser à toi. Je voulais 't'essayer', mais finalement tu es trop jeune, tu manques d'expérience. D'ailleurs, aux messes, je voulais que tu le saches, je te trouve trop 'excité'!» Pas de problème, cher monsieur. Vous avez raison pour ce qui concerne mon manque d'expérience. Mais ne me demandez pas de remboursement, parce que le sacrement est une gratuité de Dieu, et l'absolution ne peut pas être retirée... P...

Silence, on respire! (57)

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 Après le moment béni de mon ordination presbytérale et de ma première messe, l’été et les vacances arrivent rapidement. Dans mon texte précédent, j'ai oublié de vous partager ceci: le jour de son ordination, à la fin de la cérémonie, l'archevêque dévoile au nouveau prêtre et à l'assemblée la nomination qu'il reçoit sur le champ. Cela génère un peu de stress, mais généralement on le nomme vicaire dans la paroisse où il se trouve déjà actif. Il peut y avoir des exceptions pour diverses raisons, mais comme vous vous en doutez, l'évêque a confirmé mon engagement à l'Assomption (pas de mandat précis, toutefois, contrairement aux curés qui en ont un de six ans à la fois) dans un tonnerre d'applaudissements et d'émotion joyeuse de part et d'autre, cela se conçoit facilement. Après une saison pastorale 1988-89 exaltante mais épuisante, un véritable tourbillon incessant, le temps de repos arrivait à point. Avec l’accord de mes confrères de la paroisse, je fa...

Voeux ou promesses? (56)

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Petit article pour clarifier quelque chose qui suscite l’interrogation : le prêtre fait-il le vœu de pauvreté? Comment se fait-il qu’il puisse avoir une voiture, un chalet, et se payer des voyages, etc.? Les religieuses et religieux font trois vœux , chasteté, obéissance et pauvreté . Vivant (pour la plupart) en communauté, ils possèdent le minimum. Si ces personnes gagnent un salaire, celui-ci profite à toute la congrégation (tout comme aussi les pensions gouvernementales) un montant leur est laissé pour subvenir à certains besoins personnels (produits d’hygiène, ou une sortie au resto avec des amis ou de la parenté, pour ne prendre que cet exemple). Je ne sais plus si ça fonctionne encore de cette façon, mais autrefois, la personne consacrée devait demander ce montant au/à la responsable de la communauté. Un autre exemple : la communauté peut posséder une voiture, mais elle appartient à tous les membres, qui doivent la ‘réserver’ au besoin. En raison du grand nombre de membr...

Jour de fête et de joie. Alleluia! -2 (55)

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  (Le vicaire de l'Assomption, Émery Laporte, m'impose les mains. À droite, on reconnait Jocelyne, très concentrée dans sa tâche d'animatrice.) J’ai vécu de nombreux moments exaltants, en cette fête mémorable s’étalant sur deux jours; l'un de ceux-ci: comme je le faisais régulièrement lors des messes dominicales, j’ai pu chanter, en m’accompagnant à l’orgue, ‘Seigneur, que veux-tu que je fasse?’ et ‘Je t’ai cherché partout’, de l'abbé Robert Lebel, notre superbe poète québécois de la foi et de la Parole de Dieu. Ni performance ou spectacle dans cela mais grand privilège et bonheur pour moi de pouvoir exprimer ainsi ce qui m'habitait! Vous me connaissez…il a quand même fallu que je fasse une gaffe…avant la messe, au moins! J’avais proposé que notre archevêque utilise un très vieux et splendide calice antique appartenant à la paroisse depuis très longtemps, afin de souligner la valeur de tout ce qui s’est vécu avant nous et qui allait continuer fidèlement grâce ...

Jour de fête et de joie, Alleluia! -1 (54)

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  (De gauche à droite, mon curé Jean qui me fait l'accolade, Mgr Grégoire, ainsi que le responsable de l'office du personnel, Ivanhoe Poirier, et le recteur du Grand Séminaire, Lionel Gendron) Après la parenthèse douloureuse de mon accident de voiture, et une fois le Carême, les Jours Saints et Pâques derrière nous, les préparatifs de l’ordination purent se mettre résolument en branle. Disons-le, à l’Assomption, on sait faire! Mais avant d’aller plus loin, il me faut vous parler de mon magasinage 'sacré', avec ma mère. La tradition veut que les parents du futur-prêtre offrent son calice et sa patène à leur fils. Nous voilà donc à faire deux des réputées boutiques d'objets religieux, à Montréal: Desmarais-Robitaille et Bertrand-Foucher-Bélanger. On ne parle pas ici que d'objets de pitié (comme à l'Oratoire ou la Chapelle de la Réparation), mais aussi d'accessoires et vêtements pour membres du clergé. Au premier, fermé depuis 2016, situé près de la Basil...

Un grand choc (53)

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  Cet après-midi-là, le mercure frôlait le point de congélation. Il tombait un crachin de fin de saison, vous savez, quand l'automne hésite encore à céder sa place à l'hiver. Après huit baptêmes, début de congé moche. Étonnamment, un petit bonhomme m’avait demandé, dans le stationnement de l’église, alors que j’allais vers mon auto, si je priais mon ange-gardien; son professeur avait suggéré que cela était important de le faire et cet enfant, tant qu'à me croiser, voulait vérifier si ça s’avérait vrai (pour ne pas perdre de temps à prier inutilement). Oui, lui répondis-je, sûrement une bonne chose à faire. J’avoue qu’il y avait longtemps que j’avais pensé à mon compagnon spirituel angélique. Alors, je le ferai tout au long de ma route, affirmai-je au jeune en question. J’ai tenu promesse. Chose exceptionnellement rare pour moi à cette époque, je me sentais anxieux au volant, en ce dimanche... Mais la prière m’apaisait. Disons-le, j'ai comme une intuition... Je dis ceci ...

L'examen de juridiction (52)

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 Le jour de son 64 e anniversaire, le 5 août 1988, mon père finalise, avec l'accord de ma mère, l’achat de son petit chalet dans Lanaudière. Beau petit coin de nature tranquille, il compte y venir le plus souvent possible. Mes parents possédaient déjà une humble maison à Montréal-Nord -ancien chalet que Roland avait rénové de peine et de misère- mais ils rêvaient d’avoir une humble propriété qui soit dans les montagnes, à prix raisonnable, leur budget s'avérant très limité. Pour moi, ce fut l’endroit idéal pour aller étudier. Et mon curé de stage fut vraiment accommodant en me donnant toute la liberté nécessaire pour ce faire. Mais, étudier…encore? Après deux ans de Grand Séminaire, deux baccalauréats (dont un en théologie), une scolarité de maîtrise en dogmatique… ça n’était pas encore assez? En fait, il me fallait maintenant revoir tout le contenu de mes études de la ‘science de Dieu’ afin de me préparer à l’examen de juridiction. Toutes les autres démarches accomplies aur...

Enfin l'ordination! Début du processus. (51)

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Ma réflexion se poursuivait toujours au sujet de ma demande d’ordination presbytérale. Un jour, ce fut clair dans ma tête et mon cœur. Cela demeure flou dans ma mémoire, mais je pense qu’une fois écoulés les six mois règlementaires entre l’ordination diaconale et celle de la prêtrise, je me sentis prêt intérieurement à aller de l’avant. La voix du Seigneur m’appelait à jeter mes filets et à avancer avec confiance en eaux profondes. Je ne suis pas certain de tout ce que cela demandait précisément comme étapes (on parle de 1988…), mais je me rappelle que j’en avais discuté, cela allait de soi, avec le curé Jean, mon directeur de stage, et mon conseiller spirituel, l’abbé Michel. J’ai eu leur bénédiction. Il me fallait alors écrire une lettre officielle à notre frère archevêque de Montréal de l’époque, Paul Grégoire, et attendre sa réponse. Je me rappelle aussi qu’il y avait eu une rencontre (sans ma présence) au presbytère de l’Assomption, convoquée par des représentants du Séminaire e...

Portrait de famille (50)

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  Dans le journal, on trouve surtout des articles sur ce qui fait le tissu de la vie des ados! On y parle, par exemple, du début et de la fin de l’année scolaire, de la relâche, de la Saint-Valentin, des vacances d’été, etc. On y lit même des critiques de films , de séries télévisées ou de spectacles, pas nécessairement en rapport avec la religion. Mais l’accent est surtout mis sur les événements-jeunesse que nous proposons: des camps, des visites et animations chez les personnes âgées, des pièces de théâtre (les nôtres ou celles d’autres groupes chrétiens), des eucharisties de Noël, des messes mensuelles d’adolescents, des soirées de prière, des activités festives, de la Montée pascale où on s’impliquait beaucoup (incluant le fameux ‘repas de la faim’ avec Jeunesse du Monde et le Chemin de Croix avec l’animateur du Collège de l’Assomption), des pèlerinages dans les grands sanctuaires ou monastères, des campagnes de financement (vente de produits-maison, bercethon, entre aut...