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Histoire de porte (31)

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  Incroyable mais vrai, le souhait de mon petit prophète de cousin s’était réalisé! J’étais nommé, non pas à Notre-Dame de l’Assomption sur la rue Hochelaga, mais à la paroisse l’Assomption-de-la-Ste-Vierge, à Ville de l’Assomption! Je n’en croyais pas mes oreilles. J’exprime ma joie au responsable du personnel. Il se réjouit parce que ma réaction l’inquiétait un peu. C’est quand même loin, me dit-il. Je sais, mais j’ai une voiture, et plusieurs cousins dans l’coin, lui répondis-je. Et moi qui aime tant la nature. Je serai tout près de la rivière et des grands champs, sans compter toutes les richesses de cette municipalité qui se développait de plus en plus et voyait s’y installer nombre de jeunes familles. Mais avant de célébrer la chose, il me faut évidemment rencontrer le curé, Jean Robillard, que je ne connais aucunement. Il a le droit de ne pas vouloir de moi après une entrevue. Et vice-versa; vous comprenez que je porte plusieurs appréhensions après mon expérience précédente…

À 15km de Repentigny (30)

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  J’avais une cousine bien-aimée, Jeanne, décédée trop tôt malheureusement, atteinte d’une maladie dégénérative dans la dernière partie de son existence. Fille d’un oncle du côté maternel, celle-ci était un rayon de soleil dans nos vies. Quels sourire et rire extraordinaires. Outre sa maladie tardive, elle avait vécu plus jeune une période de souffrances intenses, mais elle s’était relevée grâce à sa foi, sa nature optimiste, ses quatre enfants bien-aimés et tous ceux et celles qui l’entouraient de leur compassion et de leur affection. Ma petite famille faisait partie de ses plus proches. Parmi les nombreux souvenirs, je me rappelle sa présence réconfortante lorsque j’arrivai en trombe à Montréal-Nord pour annoncer le suicide de mon ami à ma mère (cela fera 40 ans ce 22 octobre). Jeanne honorait ma mère de sa visite et le beau visage ému et empathique de ma chère cousine me fit beaucoup de bien, tout comme sa chaleureuse accolade, plus parlante que bien des mots. Depuis longtemps, no

L'Assomption de Marie (29)

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  Une tradition de toujours pour ma petite famille : célébrer l’Assomption de Marie (montée au Ciel corps et âme, à la fin de sa vie, par grâce de son Fils) à Notre-Dame du Cap, les 14 et 15 août. Vous connaissez sans doute ce magnifique sanctuaire marial situé avantageusement sur le bord du beau Saint-Laurent à Cap-de-la-Madeleine (Trois-Rivières). Sinon, c’est vraiment à découvrir! Lieu de paix dans lequel la Présence de Dieu s’avère vraiment palpable. Quelle belle histoire que la fondation de ce lieu de prière : le miracle des yeux de la statue dans la vieille chapelle, le pont des chapelets, les guérisons physiques, morales et spirituelles qui se sont accomplies dans cet endroit bénit, par l’intercession de la mère du Christ. Chaque année, les miens et moi trouvions le moyen de participer à la grande neuvaine prêchée, commençant dans la première semaine du mois d’août, un soir ou plus, en général, comme une dernière escapade avant la Rentrée. Nous avions même déjà loué un petit

Le Lac (28)

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  J’ai réalisé, un jour, que je n’avais jamais cessé de travailler, tous les étés, depuis l’âge de 15 ans. Il y avait mon travail d’organiste (parfois dans deux ou trois églises, le même week-end) ainsi que mon emploi d’été. J’essayais de me garder une semaine ou deux de congé avant de reprendre l’année scolaire. Parlant de celle-ci, contrairement à plusieurs de ma génération, et plus encore des jeunes   d’aujourd’hui, je n’ai pas pris de pause après mes études collégiales ou universitaires pour voyager ou pour tout simplement faire autre chose. Ce qui fait que l’été ’86, malgré les circonstances douloureuses, fut l’occasion, enfin, d’arrêter la machine et de souffler un peu. Providence divine? À mon retour de séjour en Gaspésie. Je pris le temps de faire sécher mon matériel de camping avant qu’il ne moisisse! Il faisait bon dans la petite maison familiale de Montréal-Nord. Adoptant un rythme lent, méditatif, priant, je continuais à porter ma réflexion, plutôt sereinement. Et il fall

C'était l'été '86 (27)

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 Fin du mois de juin. Je vivais un cocktail de sentiments difficiles à porter. Colère, incompréhension, questionnement profond, peine, déprime… J’avais tellement aimé cette communauté de Ville Saint-Laurent, et ça s’avérait réciproque. Pourquoi cette ‘mise-à-pied’ qui me semblait tellement imméritée et injuste? Je comprenais bien sûr, avec ma tête, qu’une situation de manque d’affinités et de différence profonde de vision est toujours possible entre un stagiaire et un responsable de paroisse. Voilà des choses qui arrivent. Mais mon cœur et mon âme encaissaient très mal ce choc. De plus, je me sentais humilié de devoir retourner chez mes parents, avec aucune source importante de revenu sinon un peu d’assurance-chômage (en effet, le stage en paroisse avait été modestement rémunéré, selon les normes diocésaines), à 29 ans! Deux de mes amies interviennent alors. Devant ma ‘déconfiture’, prises de compassion, Jocelyne et Francine m’invitent à les accompagner pour leur voyage de camping. F

Surprise... (26)

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 Vivre avec quelqu’un qu’on a choisi peut s’avérer un grand défi, à certains moments. Imaginez vivre avec quelqu’un qu’on n’a pas choisi… cela peut parfois devenir un défi insurmontable. Voilà ce qui m’est arrivé lors de mon stage à Ville Saint-Laurent. Je ne veux pas exagérer la situation, manquer à la charité, et encore moins démolir qui que ce soit. Mais voici, en gros, les faits : vers la fin de ma deuxième année pastorale en stage, on me convoque à l’archevêché. Le responsable du personnel veut me rencontrer. Honnêtement, je n’ai aucune idée du but de la rencontre, on ne le dévoile jamais par téléphone, telle se veut la politique diocésaine à Montréal. Je prends donc ma petite Renault Alliance et je me rends, angoissé, au 2000, rue Sherbrooke Ouest. Je pressens que ce ne sera pas pour me féliciter. Depuis quelques mois, je ressens un malaise au presbytère, surtout lors des repas. Nous mangeons toujours dans la vaste salle à manger, le curé et moi face à face, la cuisinière v

Un vent de jeunesse (25)

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 J’avais réussi à créer des liens avec les enfants et ados qui pratiquaient et s’impliquaient régulièrement dans la paroisse, mais ils étaient peu nombreux. Je cherchais des moyens pour rejoindre et motiver cette catégorie d’âge à une plus grande participation à la vie communautaire. Je priais cette intention tous les jours. Je demandais au Seigneur de m’inspirer des moyens. Un jour, mon curé de stage, Jacques, me transmet une invitation : un projet s’avère possible avec l’animateur de pastorale de l’école secondaire de Saint-Laurent (j’oublie son nom…). Les détails sont flous dans ma mémoire, mais je me souviens que nous devions, avec quelques étudiants, réaliser une petite pièce de théâtre qui serait éventuellement présentée aux futurs confirmés de notre paroisse. Je me rappelle que mes rencontres avec l’agent de pastorale en question furent très agréables et fructueuses dès le départ. Et que dire de la collaboration des cinq jeunes sur la photo, autour de moi (comme je n’ai pas

1984: virage ou...naufrage?(24)

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  1984. Non pas le fameux roman de George Orwell, mais le grand virage catéchétique vécu dans l’Église catholique du Québec, en cette année-là. J’en ai eu, des réunions, durant l’an 1 de mon stage. En plus des nombreuses rencontres régulières, tous les agents de pastorale avons été convoqués à quelques reprises par le diocèse pour des sessions d’information afin de nous aider à prendre sainement et sereinement le tournant qui s’amorçait. À cette époque, le ministère de l’éducation prévoit que la catéchèse cède la place au cours d’enseignement moral et religieux catholique (ou protestant) ou encore à l’enseignement moral. La catéchèse, par définition, travaille directement à faire des disciples du Christ. L’enseignement religieux consiste d’abord à acquérir des connaissances au sujet d’une religion, sans nécessairement conduire à l’adhésion de foi. Conséquemment, à partir de 1984, les paroisses devront prendre totalement en charge la préparation aux sacrements (en 2000, les services

Stagiaire à tout faire (23)

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 Une fois passées les funérailles de mon ami Christian, présidées par un des évêques de son diocèse dans le respect, la compassion et l’Espérance chrétienne, je reviens à Saint-Hippolyte, et la vie suit son cours. Mais on ne guérit pas si vite d’une blessure pareille. On apprend à vivre avec. Surtout qu’en paroisse on n’a généralement pas le temps de prendre soin de soi-même… Heureusement que comme stagiaires nous avions les temps obligatoires d’accompagnement et de retraite/ressourcement pour souffler un peu et faire le point sur notre vie. Personnellement, c’est après la mort de mon ami que, pour la première fois de ma vie, j’ai expérimenté au moins mensuellement des migraines terribles (avec nausées, hypersensibilité à la lumière, etc.). Cela a duré une dizaine d’années avant de se résorber progressivement, Dieu soit loué! Exigeant, que le temps du stage en paroisse. Autant pour le curé-accompagnateur qui doit participer à plusieurs réunions avec les autorités du diocèse -sans com

Il s'appelait Christian (22)

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  Nous avions vécu ensemble le camp d’accueil des séminaristes au lac Gémont. Et ça avait cliqué tout de suite. Nous avions des atomes crochus : artistes, sensibles, aimant l’écriture, passionnés de la nature et partageant un même engouement pour la spiritualité de saint François d’Assise, entre autres points communs. Nous nous étions raconté un peu nos cheminements, et le sien était très particulier et touchant. Venant d’une famille catholique engagée, Christian avait vécu dans un contexte familial de foi. Pourtant, sa vie avait dérapé. Je resterai plutôt discret sur les raisons et le contexte, mais je peux vous dire qu’il était tombé dans la prostitution et la toxicomanie (l’un amène toujours l’autre, dans les deux sens) dès la fin du primaire jusqu’au début de l’âge adulte. Un jour, il m’a demandé de lire son journal personnel pour m’aider à saisir davantage qui il était et ce qu’il avait traversé plus ou moins par choix. Je me vois dans ma chambre au séminaire… nuit blanche, prof