Articles

Surprise... (26)

Image
 Vivre avec quelqu’un qu’on a choisi peut s’avérer un grand défi, à certains moments. Imaginez vivre avec quelqu’un qu’on n’a pas choisi… cela peut parfois devenir un défi insurmontable. Voilà ce qui m’est arrivé lors de mon stage à Ville Saint-Laurent. Je ne veux pas exagérer la situation, manquer à la charité, et encore moins démolir qui que ce soit. Mais voici, en gros, les faits : vers la fin de ma deuxième année pastorale en stage, on me convoque à l’archevêché. Le responsable du personnel veut me rencontrer. Honnêtement, je n’ai aucune idée du but de la rencontre, on ne le dévoile jamais par téléphone, telle se veut la politique diocésaine à Montréal. Je prends donc ma petite Renault Alliance et je me rends, angoissé, au 2000, rue Sherbrooke Ouest. Je pressens que ce ne sera pas pour me féliciter. Depuis quelques mois, je ressens un malaise au presbytère, surtout lors des repas. Nous mangeons toujours dans la vaste salle à manger, le curé et moi face à face, la cuisinière v

Un vent de jeunesse (25)

Image
 J’avais réussi à créer des liens avec les enfants et ados qui pratiquaient et s’impliquaient régulièrement dans la paroisse, mais ils étaient peu nombreux. Je cherchais des moyens pour rejoindre et motiver cette catégorie d’âge à une plus grande participation à la vie communautaire. Je priais cette intention tous les jours. Je demandais au Seigneur de m’inspirer des moyens. Un jour, mon curé de stage, Jacques, me transmet une invitation : un projet s’avère possible avec l’animateur de pastorale de l’école secondaire de Saint-Laurent (j’oublie son nom…). Les détails sont flous dans ma mémoire, mais je me souviens que nous devions, avec quelques étudiants, réaliser une petite pièce de théâtre qui serait éventuellement présentée aux futurs confirmés de notre paroisse. Je me rappelle que mes rencontres avec l’agent de pastorale en question furent très agréables et fructueuses dès le départ. Et que dire de la collaboration des cinq jeunes sur la photo, autour de moi (comme je n’ai pas

1984: virage ou...naufrage?(24)

Image
  1984. Non pas le fameux roman de George Orwell, mais le grand virage catéchétique vécu dans l’Église catholique du Québec, en cette année-là. J’en ai eu, des réunions, durant l’an 1 de mon stage. En plus des nombreuses rencontres régulières, tous les agents de pastorale avons été convoqués à quelques reprises par le diocèse pour des sessions d’information afin de nous aider à prendre sainement et sereinement le tournant qui s’amorçait. À cette époque, le ministère de l’éducation prévoit que la catéchèse cède la place au cours d’enseignement moral et religieux catholique (ou protestant) ou encore à l’enseignement moral. La catéchèse, par définition, travaille directement à faire des disciples du Christ. L’enseignement religieux consiste d’abord à acquérir des connaissances au sujet d’une religion, sans nécessairement conduire à l’adhésion de foi. Conséquemment, à partir de 1984, les paroisses devront prendre totalement en charge la préparation aux sacrements (en 2000, les services

Stagiaire à tout faire (23)

Image
 Une fois passées les funérailles de mon ami Christian, présidées par un des évêques de son diocèse dans le respect, la compassion et l’Espérance chrétienne, je reviens à Saint-Hippolyte, et la vie suit son cours. Mais on ne guérit pas si vite d’une blessure pareille. On apprend à vivre avec. Surtout qu’en paroisse on n’a généralement pas le temps de prendre soin de soi-même… Heureusement que comme stagiaires nous avions les temps obligatoires d’accompagnement et de retraite/ressourcement pour souffler un peu et faire le point sur notre vie. Personnellement, c’est après la mort de mon ami que, pour la première fois de ma vie, j’ai expérimenté au moins mensuellement des migraines terribles (avec nausées, hypersensibilité à la lumière, etc.). Cela a duré une dizaine d’années avant de se résorber progressivement, Dieu soit loué! Exigeant, que le temps du stage en paroisse. Autant pour le curé-accompagnateur qui doit participer à plusieurs réunions avec les autorités du diocèse -sans com

Il s'appelait Christian (22)

Image
  Nous avions vécu ensemble le camp d’accueil des séminaristes au lac Gémont. Et ça avait cliqué tout de suite. Nous avions des atomes crochus : artistes, sensibles, aimant l’écriture, passionnés de la nature et partageant un même engouement pour la spiritualité de saint François d’Assise, entre autres points communs. Nous nous étions raconté un peu nos cheminements, et le sien était très particulier et touchant. Venant d’une famille catholique engagée, Christian avait vécu dans un contexte familial de foi. Pourtant, sa vie avait dérapé. Je resterai plutôt discret sur les raisons et le contexte, mais je peux vous dire qu’il était tombé dans la prostitution et la toxicomanie (l’un amène toujours l’autre, dans les deux sens) dès la fin du primaire jusqu’au début de l’âge adulte. Un jour, il m’a demandé de lire son journal personnel pour m’aider à saisir davantage qui il était et ce qu’il avait traversé plus ou moins par choix. Je me vois dans ma chambre au séminaire… nuit blanche, prof

Enfin, le stage: des débuts 'corsés' (21)

Image
  (Presbytère et église Saint-Hippolyte de Ville Saint-Laurent)   L’entrée en stage marque pour le Séminariste une étape majeure de discernement vocationnel. Après deux ans de séminaire, me voici stagiaire en paroisse. Nous sommes en 1984, je viens d’avoir 27 ans. Parlons un peu du contexte, très particulier : nous attendons le pape Jean-Paul II au Canada. Il sera à Montréal le 11 septembre, et mon curé de stage, Jacques, en la paroisse Saint-Hippolyte,  dirige l’organisation de l’événement-jeunesse au stade olympique. Paradoxalement, je ne pourrai le vivre qu’à la télé avec un groupe de paroissiens au sous-sol de l’église, puisque j’avais choisi de privilégier la messe au parc Jarry, après dîner. Je crois qu’il y avait des navettes spéciales pour nous conduire ensuite au stade (séminaristes et prêtres) mais, en vérité -et vous me reconnaîtrez- je trouvais triste que les membres de la communauté qui m’accueillait vivent cela devant un petit écran sans la présence d’un mandaté de l’éq

Extra curriculum (20)

Image
  (Maisonnette à Champboisé) Je tenais à prendre quelques lignes pour vous parler d’une dimension autre que les cours universitaires faisant partie de la formation au sacerdoce ordonné. Des retraites et récollections Nous en avons fait de nombreuses. Généralement, des week-ends. Un des objectifs était de nous faire découvrir les nombreux (à l’époque, aujourd’hui plusieurs sont fermés) endroits de ressourcement catholique disponibles au Québec. Il s’agissait aussi bien entendu de moments d’approfondissement de notre foi. Nous partions habituellement en groupe-classe, ce qui avait aussi l’avantage de souder nos liens fraternels. Ces temps de retraite spirituelle se poursuivaient tout au long du stage en paroisse. Tout comme diverses formations offertes, d’ailleurs (éducation permanente, très favorisée). Je me rappelle entre autres des fins de semaine au pied du mont St-Hilaire (Sœurs de la Présentation de Marie), au Monastère bénédictin (St-Benoit-du-Lac), à Oka (cisterciens, aujou

« Assez! » (19)

Image
  (À gauche de la chapelle centrale, le Grand Séminaire; à droite, le Collège de Montréal) Ma deuxième année de Grand Séminaire s’est somme toute bien déroulée. J’y étais plus ou moins présent en raison de mes horaires à l’Université. Autant que possible, je m’intégrais aux autres dans les temps de prière, de célébration et de repas, tout en continuant mes rencontres avec mon conseiller spirituel, sans jamais négliger ma prière personnelle, ma rencontre intime avec le Seigneur, entre autres dans l’Eucharistie, lorsque possible. Comme j’avais plus de temps libre que mes confrères, on me demanda de prendre la présidence du CoCo! En fait, il s’agissait du comité de coordination des activités étudiantes du Séminaire. Comme un conseil étudiant, nous étions à l’écoute des suggestions et des demandes des séminaristes. Nous servions de trait d’union entre eux et les responsables de notre formation. Cela pouvait aller du bien-être général dans la maison, l’utilisation des lieux, la logistique,

Au revoir au Ciel, Bernard!

Image
  Au moment d'écrire ces lignes, je viens d'apprendre la nouvelle: mon ancien vicaire à Stes-Germaine-Cousin/Maria-Goretti, Bernard Coulombe, est rentré à la Maison du Père, le 1er mai, à l'âge de 88 ans. Je voudrais exprimer mes condoléances à ses proches et à tous ceux et celles qui l'ont côtoyé et aimé. J'ai eu le bonheur d'oeuvrer avec lui durant une bonne dizaine d'années et ce fut un charme. Jamais de tensions entre nous deux, aucun esprit de rivalité, une étonnante créativié partagée dans une foi vivante, dynamique, et de sont temps. Quand on m'a nommé curé dans l'Est de Pointe-aux-Trembles et qu'on m'a annoncé que j'aurais un vicaire de 70 ans, je trouvais ça bien âgé, ayant moi-même seulement 48 ans... Je me disais, il ne pourra pas faire beaucoup. Mais on verra. Hé bien, je peux vous affirmer qu'il a travaillé avec une grande générosité sans jamais refuser une seule de mes demandes (toujours raisonnables, quand même!). Il av

Ça clique! (18)

Image
  (Escalier central du GS avec buste de M. Olier, fondateur des Sulpiciens .) Surprise totale! Le recteur, en collaboration avec « La Résidence » du Grand Séminaire, qui est une administration à part pour les prêtres retraités et/ou malades qui habitent au GS ainsi que pour les visiteurs de passage, m’offre de travailler dès le mois de mai avec M. Piché, pss, directeur de « La Résidence », tout au long de la saison estivale, jusqu’à la reprise des cours. Des employés s’occupent déjà, bien sûr, des besoins des résidents permanents, moi je m’occuperai exclusivement des visiteurs. « On te voit très bien dans ce rôle », me dit le recteur. Honnêtement, le défi m’attire et me fait peur à la fois. Plutôt timide, cela représentera sans doute parfois une épreuve pour moi, mais tant qu’à gagner ma croûte (à ce moment-là, j’ai déjà donné ma démission comme organiste dans mes paroisses depuis la fin août), j’aime l’idée de le faire avec des gens venant d’un peu partout dans le monde et qui vienn