Messages

La Maison des Jeunes (64)

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À mon avis, c'est mon amie Odette, animatrice de pastorale au Secondaire et très impliquée en paroisse, qui avait suggéré mon nom; j'en fus surpris, mais comme j'oeuvrais auprès des ados depuis quelques années déjà, je compris cette demande: on m'invitait à participer au comité de fondation d'une Maison des jeunes à l'Assomption. Et pourquoi pas? J'ai toujours apprécié les nouveaux défis. On y apprend tant. À cette table (le premier C.A., en fait), outre Odette et moi, s'assoyaient un intervenant-jeunesse qui tenait une maison pour jeunes en difficultés, une conseillère municipale (aussi chef régionale des Scouts Baden-Powell), une ado, le président de la Chambre de Commerce, et quelques autres personnes de la communauté. J'ai beaucoup apprécié ces personnes portant toutes le souci des ados. Une anecdote: à la première rencontre officielle, j'entrai dans le local (La Source, qui appartenait à la paroisse, particulièrement la pasto-jeunesse) et sa...

Fils, voici ta mère (63)

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La souffrance, ma mère l'avait connue sous bien des formes. Mais celle-là... on ne l'attendait pas. L'annonce de mon frère qu'il venait d'être diagnostiqué du SIDA. On en connaissait la cause, bien sûr, mais qui aurait pu prévoir de telles conséquences? Mon père ne l'acceptait pas du tout. Quand mon frère nous visitait, mon père passait la maison à l'eau de javel. Il faut dire que nous sommes alors au début des années '90. La peur régnait. La médication (tri-thérapie) n'existait pas encore, et à coup sûr, le SIDA annonçait la mort à plus ou moins brève échéance. Rappelez-vous les débuts de la pandémie de COVID19 et comment on se sentait en présence des autres dans les lieux publics... Et le taux de mortalité s'avérait bien plus bas que pour ce que certains appelaient au début la peste des temps modernes. Combien de gens se sont d'ailleurs éloignés de nous à ce moment-là... J'ai souvenir d'une amie de Rose qui lui a interdit d'alle...

Pauvre papa! -2 (62)

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( De gauche à droite: mon père Roland, tante-marraine Marie, ma mère  Rose, oncle Léon, son épouse, tante Marguerite, oncle-parrain Maurice, tous décédés depuis si longtemps... Sur cette photo, j'ai dans la vingtaine. ) Nous souffrions beaucoup de la maladie mentale de mon frère bien-aimé -et lui, donc!-(schizophrénie et mythomanie). Et voilà que s'ajoute le mal-être de mon père, suite aux événements dont je vous parlais dans mon texte précédent. Tout cela vécu très discrètement, souvent en silence. Nous n'avions pas l'habitude d'étaler notre vie familiale sur la place publique. Heureusement, de bons amis, dont quelques prêtres nous soutenaient au long des jours. Que dire de l'importance majeure de notre foi au coeur de cette douleur. Quel précieuse richesse. Tout passe, mais l'Amour de Dieu ne passera jamais, notre roc, notre forteresse. Une fois mon paternel à la retraite, son désir de posséder un petit chalet dans les montagnes devint plus impérieux. Orig...

Pauvre papa! -1 (61)

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Je vous situe: nous sommes en 1980, les cols bleus de la ville de Montréal ont déclenché une grève générale illimitée. Mon père, Roland, a été promu contremaître quelques mois auparavant et doit assurer les services essentiels à la chaufferie. (on comprend que sa promotion faisait partie d'une stratégie de la Ville, mais mon père avait bien mérité ce poste après tant d'années de service.) Son métier: mécanicien de machines fixes (ou ingénieur stationnaire). Il a réussi à atteindre cet échelon à force de beaucoup d'études et d'efforts. L'endroit où il travaille fournit la vapeur nécessaire au chauffage d'une grande partie des édifices municipaux, le tout fonctionnant grâce au gaz naturel. Donc, pas de blague à faire, le niveau de dangerosité est élevé, et le service ne doit pas être interrompu puisque nous sommes en hiver! Mon père doit même dormir sur place, étant le seul à pouvoir fournir légalement ce service. Il a hâte, nous aussi, ses deux fils et son épouse...

Nouveau coloc (60)

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  En 1990, mon curé Jean m'annonce qu'il partira à la fin de l'été 1991. Après un seul mandat de six ans. Il sent le besoin et l'appel à vivre un ministère différent, commençant par l'expérimentation de la vie monastique à Oka. Ce fut un choc pour moi. Je m'attendais à ce qu'il renouvelle et que nous pourrions vivre encore six belles années de ministère ensemble dans une paroisse que nous aimions tant. Et je peux vous dire que les gens appréciaient grandement l'abbé Robillard, particulièrement son écoute, et ses homélies. Je n'étais pas encore debout à cette heure, mais souvent au déjeuner il rentrait au presbytère après une longue marche contemplative ou un temps prolongé de prière dans l'église. Il avait son petit coin à lui, avec bréviaire et Prions en Église, une petite lampe tout près dans les bancs latéraux du choeur... Son désir d'Oka ne me surprenait pas. Mais je perdais un mentor, un ami, un père spirituel.  Qui le remplacera? Forcém...

On étrenne le nouveau -2 (59)

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Pour revenir à la paroisse... Lorsque les gens ont saisi que j'aimais prendre mon temps pour célébrer, et que j'essayais de résumer toute la théologie biblique dans chacune de mes homélies, les poignets portant une montre ont commencé à se lever ostentatoirement à quelques reprises durant la messe, et les rangs s'éclaircissaient de semaine en semaine. Pas dupe, le nouveau, ni blessé de ça. J'avais encore beaucoup à travailler dans ma manière de servir, tout en restant moi-même. Ma conviction profonde, de toujours: prendre du temps pour Dieu ne constitue jamais du temps perdu, au contraire. Je ne citerai pas le 'Petit Prince' mais vous voyez ce que je veux dire: le temps consacré à sa rose... Toutefois, il faut veiller à l'équilibre des choses. La capacité d'attention des humains a ses limites et nos bancs d'église ne se distinguent pas par leur confort. Des sacrements à offrir, il y en avait beaucoup à l'Assomption, à cette époque, je l'ai pl...

On étrenne le nouveau!-1 (58)

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 Au retour des vacances 1989, j'ai vécu la vie habituelle d'un prêtre-vicaire, à grande vitesse. Jean m'avait dit dans son homélie, lors de ma première messe, qu'il me faudrait descendre du Thabor jusque dans la plaine, après la 'lune de miel'.  L'heure était venue. Oh que si! Je n'ai jamais tant fait d'écoute individuelle (counseling) de confessions et d'Eucharisties de toute ma vie. Pour vous faire sourire: un aîné, venu recevoir le sacrement du Pardon, me dit, à la fin: «je ne reviendrai jamais plus me confesser à toi. Je voulais 't'essayer', mais finalement tu es trop jeune, tu manques d'expérience. D'ailleurs, aux messes, je voulais que tu le saches, je te trouve trop 'excité'!» Pas de problème, cher monsieur. Vous avez raison pour ce qui concerne mon manque d'expérience. Mais ne me demandez pas de remboursement, parce que le sacrement est une gratuité de Dieu, et l'absolution ne peut pas être retirée... P...

Silence, on respire! (57)

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 Après le moment béni de mon ordination presbytérale et de ma première messe, l’été et les vacances arrivent rapidement. Dans mon texte précédent, j'ai oublié de vous partager ceci: le jour de son ordination, à la fin de la cérémonie, l'archevêque dévoile au nouveau prêtre et à l'assemblée la nomination qu'il reçoit sur le champ. Cela génère un peu de stress, mais généralement on le nomme vicaire dans la paroisse où il se trouve déjà actif. Il peut y avoir des exceptions pour diverses raisons, mais comme vous vous en doutez, l'évêque a confirmé mon engagement à l'Assomption (pas de mandat précis, toutefois, contrairement aux curés qui en ont un de six ans à la fois) dans un tonnerre d'applaudissements et d'émotion joyeuse de part et d'autre, cela se conçoit facilement. Après une saison pastorale 1988-89 exaltante mais épuisante, un véritable tourbillon incessant, le temps de repos arrivait à point. Avec l’accord de mes confrères de la paroisse, je fa...

Voeux ou promesses? (56)

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Petit article pour clarifier quelque chose qui suscite l’interrogation : le prêtre fait-il le vœu de pauvreté? Comment se fait-il qu’il puisse avoir une voiture, un chalet, et se payer des voyages, etc.? Les religieuses et religieux font trois vœux , chasteté, obéissance et pauvreté . Vivant (pour la plupart) en communauté, ils possèdent le minimum. Si ces personnes gagnent un salaire, celui-ci profite à toute la congrégation (tout comme aussi les pensions gouvernementales) un montant leur est laissé pour subvenir à certains besoins personnels (produits d’hygiène, ou une sortie au resto avec des amis ou de la parenté, pour ne prendre que cet exemple). Je ne sais plus si ça fonctionne encore de cette façon, mais autrefois, la personne consacrée devait demander ce montant au/à la responsable de la communauté. Un autre exemple : la communauté peut posséder une voiture, mais elle appartient à tous les membres, qui doivent la ‘réserver’ au besoin. En raison du grand nombre de membr...

Jour de fête et de joie. Alleluia! -2 (55)

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  (Le vicaire de l'Assomption, Émery Laporte, m'impose les mains. À droite, on reconnait Jocelyne, très concentrée dans sa tâche d'animatrice.) J’ai vécu de nombreux moments exaltants, en cette fête mémorable s’étalant sur deux jours; l'un de ceux-ci: comme je le faisais régulièrement lors des messes dominicales, j’ai pu chanter, en m’accompagnant à l’orgue, ‘Seigneur, que veux-tu que je fasse?’ et ‘Je t’ai cherché partout’, de l'abbé Robert Lebel, notre superbe poète québécois de la foi et de la Parole de Dieu. Ni performance ou spectacle dans cela mais grand privilège et bonheur pour moi de pouvoir exprimer ainsi ce qui m'habitait! Vous me connaissez…il a quand même fallu que je fasse une gaffe…avant la messe, au moins! J’avais proposé que notre archevêque utilise un très vieux et splendide calice antique appartenant à la paroisse depuis très longtemps, afin de souligner la valeur de tout ce qui s’est vécu avant nous et qui allait continuer fidèlement grâce ...