La Maison des Jeunes (64)


À mon avis, c'est mon amie Odette, animatrice de pastorale au Secondaire et très impliquée en paroisse, qui avait suggéré mon nom; j'en fus surpris, mais comme j'oeuvrais auprès des ados depuis quelques années déjà, je compris cette demande: on m'invitait à participer au comité de fondation d'une Maison des jeunes à l'Assomption. Et pourquoi pas? J'ai toujours apprécié les nouveaux défis. On y apprend tant.

À cette table (le premier C.A., en fait), outre Odette et moi, s'assoyaient un intervenant-jeunesse qui tenait une maison pour jeunes en difficultés, une conseillère municipale (aussi chef régionale des Scouts Baden-Powell), une ado, le président de la Chambre de Commerce, et quelques autres personnes de la communauté. J'ai beaucoup apprécié ces personnes portant toutes le souci des ados.

Une anecdote: à la première rencontre officielle, j'entrai dans le local (La Source, qui appartenait à la paroisse, particulièrement la pasto-jeunesse) et saluai tout le monde sans m'identifier formellement, en m'imaginant que tous me connaissaient... Un bon cinq minutes après l'heure dite de la rencontre, je demande à l'animatrice désignée pourquoi nous commencions en retard... Elle me répondit: On attend le curé (traduisez: 'prêtre'). Mais je le suis (je ne portais pas le col romain et ne correspondais peut-être pas à l'image que certains se faisaient d'un 'curé')! 'Oh! Désolée!' -dit-elle avec un sourire un peu gêné. Sans votre 'robe blanche'...Alors, débutons la réunion.'

La municipalité avait acheté un vieux duplex pas loin du presbytère, et le destinait à en faire cette fameuse Maison pour les jeunes du coin. De nombreux travaux devront se faire pour mettre l'édifice 'au code' et le rendre propice à son nouvel usage. Sans oublier les nombreux achats à faire en terme d'ameublement et d'équipements. Un gros chantier qui sera mené grâce à la collaboration de dizaines de personnes (les commanditaires, commerces et industries, furent très précieux pour abaisser au maximum les coûts du projet; sans oublier les nombreux bénévoles), sollicitées par le comité-porteur, entre autres via la communauté chrétienne. Notre mission sera d'abord de rallier les gens de l'Assomption à cette cause (l'un des fondateurs dira dans le discours d'inauguration: une MdJ, tout le monde en veut une, mais pas dans sa cour), motiver et rassembler les forces vives du milieu -prioritairement les jeunes, bien entendu- et se partager les différentes tâches à exécuter jusqu'à l'ouverture officielle de la dite Maison, sans oublier l'embauche d'un-e coordonnateur-coordonnatrice.

La vie d'une Maison des jeunes ne peut s'organiser n'importe comment; nous sommes régis, en quelque sorte, par le RMJQ (Regroupement des maisons des jeunes du Québec). On lit ceci sur leur site: Les maisons des jeunes membres du RMJQ sont des associations de jeunes et d’adultes qui se sont donné pour mission, sur une base volontaire, dans leur communauté, de tenir un lieu de rencontre animé où les jeunes de 12 à 17 ans, au contact d’adultes significatifs, pourront devenir des citoyen·nes critiques, actif·ves et responsables.

Ayant quelques facilités avec l'informatique et quelque talent dans le graphisme, on me demanda de confectionner le premier dépliant publicitaire de la MdJ, avec les moyens du bord de cette époque (voir extrait, en en-tête), la paroisse absorbant le coût de la photocopie. Ce fut édifiant de voir les différents talents et capacités s'exercer pour le bien commun de jeunes de chez-nous et je fus honoré de pouvoir y participer.

Dans notre journal de la pasto-jeunesse 'L'Arrêt-Source', en septembre 1994 (l'un des organes les plus utilisés pour 'mousser' la MdJ -en publiant p.ex. le calendrier des activités), j'avais fait une entrevue avec la première coordonnatrice, Josée. Je vous invite à lire les deux extraits du journal, ci-dessous. Très éclairant. (Attention, mon texte se poursuit après ces deux pages de l'Arrêt-Source)


Un jour, celle-ci annonçant son départ, nous avions le grand défi de lui trouver un-e remplaçant-e... Providence de Dieu, pendant cette recherche, je rencontrai Brigitte, une de nos paroissiennes, alors qu'elle prenait une marche de santé. Sachant qu'elle était psycho-éducatrice, je lui partageai notre situation et lui demanda si elle ne serait pas intéressée au poste, puisqu'elle se trouvait libre de son temps à ce moment-là? Le 'oui' ne tarda pas! Cela tombait pile, dans sa vie. Elle voulu en savoir davantage sur la teneur de la tâche et prit aussitôt rendez-vous pour une entrevue auprès de membres du C.A. Ceux-ci, constatant ses compétences, son dynamisme, son désir de travailler en équipe, son expérience auprès des jeunes et sa motivation à servir, l'engagèrent rapidement. Elle demeura à ce poste, à la satisfaction de tous, durant des décennies, jusqu'à sa retraite, et compta sur mon étroite collaboration lorsque nécessaire et selon mes possibilités. Je la cite, après quelques mois dans cet emploi, nourri par un fort appel intérieur: «Je veux aider les jeunes à grandir, à découvrir leurs forces et à faire face à leurs peurs. Je veux être très attentive à leur vécu. Moi-même, j'apprends quotidiennement à faire confiance, à lâcher prise au niveau de mes propres peurs. Ma foi me permet d'aller au bout.» Son approche, résolument: celle de l'apprivoisement progressif de l'autre dans le respect de sa dynamique personnelle. Très proactive, Brigitte organisait une panoplie d'activités pour les ados, mais aussi pour les adultes, comme cette formation à laquelle j'ai participé, donnée par le corps policier de la ville, au sujet de la violence dans les relations sentimentales entre gars et filles. Une autre traitait de la consommation de substances. D'ailleurs, un agent venait régulièrement à la MdJ pour faire de la sensibilisation, de la prévention ou pour faire tout simplement tomber les préjugés en participant comme les autres adultes aux diverses activités et, du coup, démystifier sa vocation.

Je ne peux oublier ce beau projet conjoint de la pasto-jeunesse et de la Maison des Jeunes: la crèche vivante, grandeur nature (incluant des animaux vivants) présentée -avec chants, narration, mimes...et chocolat chaud!- devant la façade du Collège au centre-ville de l'Assomption. Que de bons souvenirs!

Un jour, alors que j'étais coordonnateur de la pasto-jeunesse dans huit paroisses (on s'en reparle à l'automne), Brigitte me demanda s'il s'avérait possible que j'organise un camp d'été pour cinq jeunes filles de sa MdJ qui avaient manifesté le désir de vivre quelque chose de ressourçant, dans la nature, mais qui n'en avaient vraiment pas la possibilité autrement. Après avoir discuté de leurs attentes, je communiquai avec l'animatrice de l'un de nos groupes de pasto, qui accepta avec joie d'embarquer dans ce projet. Je réservai le camp Vie-Soleil pour cinq jours, en août de cet été-là et nous avons préparé et vécu quelque chose de bien riche, mais simple et détendu, répondant aux besoins de ces jeunes, tenant compte de leur cheminement humain et spirituel.

Je voudrais souligner, avant de clore ce texte, qu'à l'époque de notre fondation (peut-être encore aujourd'hui) l'un des moyens d'apprentissage de la prise de parole et de responsabilités dans la structure même d'une Maison des Jeunes consistait en la création d'un C.E. (Conseil exécutif) constitué de cinq jeunes, de trois bénévoles et de l'animateur-trice/coordonnateur-trice. Ce C.E. changera partiellement sa composition aux quatre mois afin de donner l'occasion à davantage de personnes de participer et d'apprendre. Pertinent!

La MdJ de l'Assomption a, quelque temps après son ouverture, lancé un concours pour se trouver un nom. Une des jeunes impliquées a remporté celui-ci avec l'appellation: «L'escapade». Évocateur!

Au final, cette opportunité qu'on me donna de vivre cette expérience fut l'occasion pour moi d'acquérir des façons de faire qui me servirent d'outils dans l'élaboration du grand projet de pastorale-jeunesse en secteur dont nous reparlerons bientôt. J'en fus grandement reconnaissant.

La Maison des jeunes de l'Assomption a déménagé, depuis, dans de nouveaux locaux et demeure bien vivante, après plus de trente ans d'existence. Bravo! Je vous invite à visiter son site internet:

https://www.maisondesjeuneslassomption.com/maisons-des-jeunes/historique/

______________________________________

De retour en septembre avec 'Scout, toujours!'




Messages les plus consultés de ce blogue

«Me voici!» (Hors-série)

Magnifique 'trinité' (34)

Bouleversement (2e partie) (Art. 5)