Jour de fête et de joie. Alleluia! -2 (55)
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(Le vicaire de l'Assomption, Émery Laporte, m'impose les mains. À droite, on reconnait Jocelyne, très concentrée dans sa tâche d'animatrice.) |
J’ai vécu de nombreux moments exaltants, en cette fête mémorable s’étalant sur deux jours; l'un de ceux-ci: comme je le faisais régulièrement lors des messes dominicales, j’ai pu chanter, en m’accompagnant à l’orgue, ‘Seigneur, que veux-tu que je fasse?’ et ‘Je t’ai cherché partout’, de l'abbé Robert Lebel, notre superbe poète québécois de la foi et de la Parole de Dieu. Ni performance ou spectacle dans cela mais grand privilège et bonheur pour moi de pouvoir exprimer ainsi ce qui m'habitait!
Vous me
connaissez…il a quand même fallu que je fasse une gaffe…avant la messe, au
moins! J’avais proposé que notre archevêque utilise un très vieux et splendide calice
antique appartenant à la paroisse depuis très longtemps, afin de souligner la valeur
de tout ce qui s’est vécu avant nous et qui allait continuer fidèlement grâce à
notre engagement d’aujourd’hui. Quelqu’un me demanda la date de fabrication de
celui-ci. Pas de problème. Je soulève le calice pour regarder la date estampée
en-dessous. Sauf que…le diacre d'office l’avait déjà rempli de vin (comme les autres
calices servant à la concélébration de la quinzaine de prêtres présents -dont mon ami de longue date, Réal, ordonné pour le diocèse de Saint-Hyacinthe, le 6 mai de la même année)… Vous
devinez la suite… Heureusement qu’on avait utilisé du vin blanc. Le dégât a pu
être essuyé sans qu’on doive changer la nappe d’autel. L’assemblée l’a trouvée
bien bonne, celle-là. Bravo, Jean-Pierre!
Je n’ai pas
fait cela par nervosité. Au contraire, une Paix immense m’a envahi toute cette
fin de semaine. Je n’en revenais pas moi-même. Une Paix qui n'est pas de ce monde. Les gens me demandaient si j’avais
le trac. Pas du tout, contrairement à mon habitude; disons que j'ai le trac et l'anxiété faciles... L’Esprit agissait, indubitablement. Et on dit en Église (voir, entre autres, les critères de discernement selon Saint Ignace) qu'on ressent cette paix lorsque nous sommes vraiment à notre place et que nous accomplissons la volonté de Dieu, ce
pour quoi nous sommes nés…
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(Ma première messe: de gauche à droite, Jean Robillard, moi-même, Roger Dubois, diacre permanent, et les frères abbés Laporte. Il y a de l'émotion dans l'air.) |
Appréciant les jeux de mots et les 'effets oratoires', Jean me lança aussi -à ma plus grande stupéfaction et celle de l'assemblée: «Je t'annonce aujourd'hui que tu n'es pas prêtre!» Quoi? Après ces deux heures de cérémonie d'hier? Un rituel a-t-il été oublié? Y avait-il quelque chose d'invalide dans les gestes sacramentaux? Je me doutais bien que ce n'est pas du tout ce que voulait dire mon curé. Bien sûr que non. Il continua: «Je suis moi-même prêtre depuis 34 ans et je peux te dire d'expérience qu'aujourd'hui tu COMMENCES à devenir prêtre. Voilà la nuance.Tout comme des parents qui commencent à devenir parents à la naissance (et même dès la conception) de leur enfant. On apprend au fil des jours. Après plus de trois décennies de prêtrise, je chemine encore, crois-moi, et tu fais partie de ceux qui m'aident à apprendre, grandir et évoluer dans mon sacerdoce ordonné.» Jean Robillard m'appelait souvent son 'grand dérangeur', dans un sens positif puisque cela l'aidait à s'accomplir toujours davantage dans sa vocation et à évoluer, affirmait-il.
Un souvenir particulier que j'ai de cette fin de semaine extraordinaire: la chaleur. Pas seulement celle des gens, mais celle d'une canicule surprenante pour la mi-juin. Le soleil estival ajoutait, il me semble, à l’ambiance bon enfant que nous désirions favoriser. Rien de guindé,de sclérosé ou de vieillot, dans ces deux jours de grande Lumière. Non, mais beaucoup de magnifiques et mémorables émotions. Comme, par exemple, quand j’ai demandé à mon père adoptif (mon Saint Joseph à moi!), après la communion, de me bénir en ma première messe, jour où l'on fêtait les papas, Celui du Ciel, et ceux de la terre, créés à Son image.
Tout cela à la plus grande gloire de Dieu, à travers la réponse de son humble serviteur que j'ai toujours voulu être, qui affirmait haut et fort, par pure grâce : ‘Me voici', ajoutant ces Paroles du Christ: 'Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir.’ La tenue de serviteur ne s'avère pas toujours facile à porter -quelle que soit notre vocation- mais elle comporte son lot de joie intérieure, de satisfaction profonde, je peux en témoigner. GLOIRE À DIEU!
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(Les deux couvertures du carnet de participation à l'ordination; le dessin de droite a été réalisé par un jeune de la communauté -membre de Jeunesse-à-coeur.) |
La semaine prochaine: Voeux ou promesses?