Contacts (68)
Je suis un homme de contacts. En présentiel, de préférence. Je ne raffole pas du téléphone. Ça m'intimide de ne pas voir la personne, ses expressions, son langage corporel. Remarquez que je n'ai pas tant apprécié les visio-conférences vécues en paroisse pendant la pandémie. L'écran constituait un obstacle psychologique pour moi.
Et voilà que, je suis devant une longue liste de noms de jeunes qu'on (le curé de la Purification et l'adjointe de ce dernier) me suggère d'appeler -avec raison: une véritable mine d'or!- pour les inviter à une rencontre d'information. Mais d'où sortait cette liste? En fait, un groupe d'ados de leur communauté avait vécu un camp vocationnel dans un magnifique lieu de Lanaudière. Animé par un prêtre du diocèse et des futurs prêtres, ce temps de réflexion semblait porter de beaux fruits. Effectivement, l'idée de donner suite à ce temps privilégié sur la route des jeunes en question me semblait vraiment pertinente! Je pris donc mon courage à deux mains et commençai les contacts. Les jeunes semblaient surpris, pour la plupart, de l'appel de cet inconnu que j'étais pour eux, et aussi ce que je leur offrais, certains me disant rapidement leur désintérêt, d'autres semblant intrigués et intéressés à en savoir plus. Je me rappelle un jeune qui se préparait à m'offrir un beau 'non merci' mais qui fut séduit par l'idée que nous pourrions faire du théâtre au sein de la pasto (Sa passion! L'Esprit m'a fait offrir cela, parce que je ne connaissais pas ce garçon de 14 ans, je n'étais donc pas du tout au courant de ses goûts personnels. Quelle grâce! Cet ado devint rapidement l'un des piliers du projet sectoriel. Aujourd'hui, il enseigne l'art dramatique au primaire).
Une fois tous ces appels faits, je me sentais plutôt soulagé et fier de mon effort. Je me réjouissais aussi du nombre de réponses positives. J'avais hâte de voir si les 'oui' se concrétiseraient pour la rencontre annoncée. Celle-ci eut donc lieu à la date prévue, dans la sacristie de la magnifique église de Repentigny. Honnêtement, la réponse fut bien au-delà de mes attentes! Un immense groupe vint entendre ce que j'avais à proposer. Et comme toujours, j'insistai sur le fait que, bien que la base de l'aventure se précisait déjà, la suite dépendrait de l'apport de chacune et chacun, sous la mouvance du Saint Esprit. Pour moi, je l'ai déjà affirmé haut et fort, les participants ne seraient jamais des exécutants de mes idées, mais des 'pierres vivantes' de la construction que nous débutions ensemble. À cette réunion d'information se trouvaient plusieurs adultes intéressés à vivre cette belle aventure sans en connaître les des tenants et aboutissants, dans une grande confiance et un enthousiasme contagieux. Mais tous nous avions en commun l'amour de Dieu et des jeunes; aimer ces derniers sans condition, avec respect total de leur intégrité physique, affective, mentale et spirituelle, croire en eux, ne pas demander qu'ils soient des adultes avant l'heure, etc.: l'essentiel, quoi. Chacune et chacun apporterait à la table ses talents, ses capacités, ses charismes et sa bonne volonté afin de faire de la pasto-jeunesse un succès, je devrais plutôt dire: une réponse adéquate aux appels du Seigneur pour les siens.
Je sortis de cette assemblée le coeur en joie! Le train était sur les rails et nous aurions bientôt une première rencontre officielle de jeunes pour cette paroisse. Cela se vécut d'abord dans le salon de la maman animatrice, puis, le groupe devenant de plus en plus gros, nous nous sommes retrouvés dans le grand sous-sol des parents d'une des participantes.
Je continuai ainsi à établir des contacts et à gagner des appuis autant que je le pouvais avec toutes les personnes ayant un souci du bien des ados, dans tous les milieux et institutions qui acceptaient de m'accueillir ainsi que ceux que je représentais. Comment pourrions-nous être reconnus si nous n'étions même pas connus... L'une de mes missions: faire tomber des peurs et des préjugés portés par les gens au sujet de l'Église, de son oeuvre, de ses prêtres (J'en sais quelque chose!!!) et autres personnes engagées.
Dans cet ordre d'idées, il faut que je vous dise que -grâce à l'invitation de la nouvelle responsable de la Maison des Jeunes de l'Assomption- je me retrouvai à trois tables de concertation de mon coin de pays: celle des organismes pour aînés (cela peut sembler étrange. Mais sachez que ces derniers furent toujours nos plus valeureux et généreux supporteurs! On s'en reparle dans un autre article.) une autre pour tous les organismes communautaires qui le désiraient (possible pour nous parce qu'on avait fait la demande afin d'être reconnus officiellement comme organisme à but non lucratif et donc pouvoir donner des reçus pour fin d'impôts). La troisième, logiquement, pour les organismes concernant la jeunesse. Pour ma part, à part pour me présenter et expliquer notre projet pastoral, j'y pris rarement la parole, ayant beaucoup de difficultés à comprendre le langage très spécialisé qui s'y parlait (surtout les acronymes, qui pullulaient), particulièrement lorsqu'il s'agissait des demandes de subventions gouvernementales, les fameuses enveloppes budgétaires, si convoitées; il s'agissait de survie, pour plusieurs. Je ne parlais pas, mais j'étais là, clairement identifié comme prêtre catholique. Comme je l'ai souvent dit: je crois infiniment au témoignage de la simple présence, même lorsque silencieuse...
La semaine prochaine: Salut! Jeunesse