La «Grande Noirceur» (Art. 3)

Silhouette sombre éclairée par l'arrière

(ARTICLE 3) 

Une fois rendu au CEGEP et à l’Université (d’abord, bac es arts / études françaises), rien de particulier en termes de pastorale-jeunesse. J’ai plusieurs amis, mais la foi ne fait pas nécessairement partie de ce qui nous unit. Je continue mon engagement en paroisse avec une certaine joie, mais j’avoue que je le cache un peu… 

Durant mes deux années d’études collégiales, je fais face à des professeurs qui, en histoire ou sociologie, parlent constamment de la période d’avant-révolution tranquille comme de la Grande Noirceur au Québec, affirmant que c’est à cause de l’Église institutionnelle, compromise avec les pouvoirs de ce monde et centrée sur sa propre vision autocratique, que le Québec n’a pu s’épanouir et vivre la prospérité possible. Sans oublier toutes les blessures psychologiques causées par les hommes du clergé, etc., etc. En gros, c’est ce qui circulait un peu partout et ce dont on nous abreuvait sans cesse. De quoi apprendre à détester l’Église de toute notre âme. Mon propos ici n’est pas de débattre des affirmations de cette époque (qui continuent, d’ailleurs) mais de vous faire prendre conscience de la lutte intérieure que je pouvais vivre, de la confrontation de ma foi, plutôt simple, à un climat social rejetant radicalement (et souvent sans nuances ni véritable recherche de la vérité), la religion catholique et les personnes adhérant à celle-ci. Sans oublier certains professeurs de philosophie, ayant eux-mêmes perdu la foi, s’empressant –parfois très subtilement- à démolir non-seulement l’institution ecclésiale mais aussi d’un même souffle les bases du christianisme. 

Et moi, je n’avais que 17 ou 18 ans, pas vraiment outillé pour défendre l’Église et le christianisme. Il m’est arrivé de me demander si je n’avais pas été naïf de croire au Christ et de faire partie de la religion dans laquelle j’avais été baptisé sans mon consentement. Honnêtement, je me sentais tiédir et prendre le large progressivement. Je me percevais parfois comme un radeau fragile sur l’océan déchaîné, toujours au bord du naufrage… Cela s’avère bien fatigant d’avoir l’impression d’être un ‘extra-terrestre’ dans un environnement hostile à ce qui, pourtant, te paraît encore quelque peu important. J’ai failli tout laisser tomber, comme bien des gens de ma génération. Pour avoir la ''paix''.

Heureusement, mes parents ont gardé le cap, ont continué à croire et à pratiquer leur foi, et se réjouissaient de mon implication en paroisse. Je vous fais grâce des détails de ma vie familiale, je n’ai pas l’intention d’écrire ici une biographie, mais la souffrance fut au rendez-vous de bien des manières. Une souffrance parfois aigue. Heureusement qu’au plus profond de notre être nous avions la conviction que nous n’étions pas seuls : le Seigneur nous accompagnait sur nos chemins de croix…

«On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le lampadaire, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.» Matt 5,15

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