Sauver une forêt (13)
Je viens de sauver une forêt! Blague à part, je me suis remis récemment au grand ‘ménage’. En ce qui concerne les documents importants, c’est fait. Mais… j’ai découvert la semaine dernière quelques boîtes de notes de cours et de travaux de théologie, bien cachées sur des tablettes profondes que je n’avais pas encore eu l’énergie et le courage d’explorer. On se dit toujours que ce genre de choses peut servir… En réalité, on ne ressort jamais cela parce que l’essentiel de nos études a été assimilé par notre mémoire (de l’esprit et du cœur) et on l’utilise la plupart du temps inconsciemment, sans pouvoir toujours identifier la source précise de ce savoir.
Voilà que
tout, ou presque, est versé au bac de recyclage…le papier, pas la compétence.
J’avoue que
j’ai été ébahi et ému devant la qualité et la quantité de mes notes de cours et
de mes travaux (ces derniers comptant parfois plus de cent pages!). Quelle
richesse et profondeur d’enseignement j’ai eue! Des grands noms de chaque
spécialité, hommes et femmes (théologie pure, exégèse biblique, éthique et
psychologie, liturgie, pastorale, histoire et doctrine de l’Église, et j’en
passe) m’ont partagé si généreusement et avec passion leurs pertinents savoir
et expérience. Passion qu’ils m’ont communiquée. La barre était haute, les
exigences élevées, certains profs trop sévères –à notre avis- mais au bout du
compte cela valait l’effort, croyez-moi. En trois ans, trente cours de
quarante-cinq heures, tous plus intéressants les uns que les autres, ajoutez
cela au reste de mes engagements, et le transport nécessaire en bus et métro :
vous avez une fatigue constante à gérer (heureusement, à cet âge, 22 à 24 ans,
nous avons une bonne réserve d’énergie).
À l’université,
l’esprit se veut évolutif, ouvert, toujours en recherche, ce que j’ai beaucoup
apprécié. De tempérament, je ne suis pas à l’aise avec le statu quo. Certains de
mes professeurs appartenaient même à une confession Protestante ou à l’Église Orthodoxe,
mais sans jugement des Catholiques romains ni prosélytisme. Nous vivions
concrètement l’œcuménisme. Des membres de l’aile droite de l’Église catholique
semblaient se faire parfois une joie de provoquer des débats dans divers
contextes, et j’avoue que cela risquait de faire ‘déraper’ le cours, mais les
professeurs, avec doigté et respect, réussissaient à nous faire avancer dans la
réflexion, à partir de ce qui avait été soulevé.
Toute ma
vie j’ai continué à lire et à faire de la recherche. Avec l’avènement d’internet,
wow! Buffet ouvert! Quel bonheur d’avoir accès à tant d’informations. Il s’agit
tout de même d’exercer un discernement constant, tout n’étant pas de valeur
égale sur l’autoroute du web… Comme je l’ai déjà dit, j’aime étudier,
apprendre. J’ai une vision progressiste de la vie et du monde. À cet égard, je
crois ne pas me tromper en affirmant que c’était le cas de Jésus de Nazareth,
non? Ce qui insultait le plus notre Sauveur : la fermeture d’esprit, la
rigidité, le refus de se remettre en question, lorsque la religion et certaines
de ses pratiques prenait le pas sur l’Évangile proposé et vécu par Jésus. Avec
notre Seigneur, le sacré, c’était d’abord l’humain, le Sabbat est fait pour l’homme,
et non l’inverse, affirmait-il haut et fort.
Durant ces
trois années extraordinaires grandit mystérieusement en moi un appel pour le
moins dérangeant. Contre toutes
attentes, germe alors en moi l’impérieux désir de tenter de faire mon
inscription au Grand Séminaire de Montréal. Je n’en reviens pas moi-même, je l’avoue.
Mais, en vérité, comment savoir si le
sacerdoce ordonné est ma vocation si je n’essaie pas de vivre ce temps de discernement
et d’épreuve? Je commence donc les démarches en me disant : je ne serai
sûrement pas accepté, hein Seigneur? Tu vas me montrer clairement et rapidement
que ce n’est pas ma place, n’est-ce pas?
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La semaine prochaine: «Bienvenue!»