« Assez! » (19)
(À gauche de la chapelle centrale, le Grand Séminaire; à droite, le Collège de Montréal) |
Ma deuxième année de Grand Séminaire s’est somme toute bien déroulée. J’y étais plus ou moins présent en raison de mes horaires à l’Université. Autant que possible, je m’intégrais aux autres dans les temps de prière, de célébration et de repas, tout en continuant mes rencontres avec mon conseiller spirituel, sans jamais négliger ma prière personnelle, ma rencontre intime avec le Seigneur, entre autres dans l’Eucharistie, lorsque possible. Comme j’avais plus de temps libre que mes confrères, on me demanda de prendre la présidence du CoCo! En fait, il s’agissait du comité de coordination des activités étudiantes du Séminaire. Comme un conseil étudiant, nous étions à l’écoute des suggestions et des demandes des séminaristes. Nous servions de trait d’union entre eux et les responsables de notre formation. Cela pouvait aller du bien-être général dans la maison, l’utilisation des lieux, la logistique, les horaires, etc. à…un désir d’avoir de la bière lors d’une fête d’automne (hé oui!). J’ai bien apprécié cet engagement appelant un beau travail d’équipe.
J’ai donc,
durant cette période, complété mes cours obligatoires de Maîtrise, et ce fut fort
exigeant mais agréable. Les classes se vivant en petites équipes pilotées par
la crème de la crème des professeurs, les interactions plus personnelles avec
eux, le lien entre les étudiants, les prises de parole plus faciles qu’en grand groupe, tout cela fut
particulièrement enrichissant. Le choix d’un sujet de rédaction de mémoire fut
ardu pour moi. Je m’intéressais à tant de choses. Il fallait proposer notre
idée dans le format d’un travail élaboré et précis, quasi un mémoire en
lui-même. Ça n’était jamais assez ‘pointu’ au goût des maîtres. Mon premier
sujet privilégié : les raisons de la désaffectation massive des québécois
vis-à-vis la pratique dominicale catholique (imaginez : ce n’est pas d’hier,
ce phénomène…nous étions en 1983-84). On me suggéra le nom d’un professeur
spécialisé en ecclésiologie pour m’atteler à la tâche et préciser encore plus
sous quel angle –le plus nouveau possible- aborder le sujet. Après mûre
réflexion et discussion avec le responsable des études théologiques de deuxième
cycle universitaire, je commençai à m’orienter davantage vers une question plus
doctrinale, mais ayant encore une dimension pastorale et ‘sociale’, un élément un
peu mystérieux du credo : la communion des saints. Imaginez combien je me
suis torturé les méninges pour cerner l’angle pointu par lequel traiter de
façon inédite cette question de doctrine fondamentale… Par exemple, comment tel-le saint ou sainte avait compris et vécu cet aspect de la foi à son époque (pas
encore assez précis, probablement); ou, quel impact la communion des saints
(après l’avoir définie, bien sûr) peut-elle avoir sur un chrétien québécois de
la fin du XXe siècle…
En fin de
compte, mon cerveau en a eu assez. En mots simples, avant la fin de la session,
j’en avais ras-le-bol de la théorie. Il me semblait qu’il était plus que temps
que j’aille expérimenter sur le terrain ces questions intéressantes en vivant
la pastorale paroissiale avec les gens. Ensuite, on verra pour ce qui est de
rédiger un mémoire. Malgré mon immense fatigue intellectuelle, j’ai terminé consciencieusement
mes classes et averti les professeurs, ainsi que la direction du
Grand Séminaire, que je suspendais mes études universitaires pour le moment
afin d’aller à « l’école de la vie ». Tous ont bien compris et accueilli ma
décision favorablement.
Je repris
mon emploi d’été pour une deuxième saison estivale au Grand Séminaire pendant
qu’on cherchait pour moi une paroisse acceptant de prendre un stagiaire à plein
temps, avec ce que ça suppose d’engagement de la part du curé et de l’équipe
pastorale. Évidemment, dans ma liste d'intentions de prière, il y avait là une priorité incontournable: que l'Esprit Saint guide mes responsables afin qu'ils trouvent vraiment selon le choix de Dieu!
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