Les premiers pas -2 (37)
Devant le
nouveau défi d’implanter la pasto-jeunesse dans la paroisse de l’Assomption, je
veux, bien-entendu, prendre Jésus pour modèle. Donc, première démarche :
prier et réfléchir, comme mon Sauveur au désert avant d’entreprendre sa vie
publique. Je crois profondément que tout projet d’Église ne peut fonctionner à
long terme et porter du fruit que si le Saint Esprit préside et que cela s’inscrit
dans la volonté divine. Comme le Seigneur dans sa ‘retraite fermée’ dans la
nature, il y aura sans doute divers obstacles et tentations tout au long du
parcours. Il y aura parfois la tentation de tout laisser tomber, devant des
résultats qui nous apparaissent humainement décevants. Il y a aussi le danger
de ne se fier qu’à nos seuls efforts, moyens et talents humains, ou encore à la
technologie moderne (qui commençaient à se développer, à cette époque). L’orgueil
nous guette : nous risquons toujours d’oublier que nous sommes les
collaborateurs-trices de Dieu et que ce vaste chantier –immense défi- ne repose
pas sur nos seules épaules mais fondamentalement sur sa puissance d’Amour.
La deuxième
démarche : comme Christ s’est choisi une équipe d’apôtres pour porter la
mission avec eux, je trouvais essentiel de dénicher des paroissiens qui
prendraient cette cause à cœur. Comme je connaissais peu les gens, à ce stade,
je me suis fié à l’opinion du curé et des membres du Conseil de pastorale, tout
en gardant les oreilles et les yeux ouverts au cœur de ma présence dans la
communauté. Un ‘lonesome cowboy’ (traduction : cowboy solitaire) ne fera
pas long feu dans le domaine du ministère pastoral et portera peu de fruits. De
plus, il passera à côté de tant de richesses que le Seigneur avait mis sur sa
route. Mais, que voulez-vous… quand quelqu’un est convaincu de détenir la
vérité à lui seul… J’en ai connu quelques-uns, en Église.
À cette
époque, en Église, très peu de documentation québécoise existait. J’ai trouvé
du matériel dans les ressources de la France; mais, convenant davantage à notre
mentalité nord-américaine, j’ai découvert du côté des USA de nombreux livres et
magazines sur la pastorale auprès des enfants, ados et jeunes adultes. Vous
vous doutez que cela originait surtout des confessions protestantes et
évangéliques; alors j’ai adapté ce qui devait l’être pour inclure, par exemple,
les sacrements catholiques, la vénération de la Mère de Jésus, les Saint-e-s,
etc. J’ai tout de même réussi à dénicher certaines publications catholiques et,
au fil des ans, le diocèse de Montréal a produit des fiches très pertinentes.
On se reparle du service diocésain dans un futur blogue.
La
troisième démarche m’apparaissait plus que fondamentale et pourtant si
difficile pour certains : écouter. Écouter les jeunes et découvrir leurs
besoins. C’est bien beau vouloir offrir quelque chose de nourrissant, mais si
personne a faim de ce que vous voulez donner… L’animatrice de pastorale de l’école
secondaire publique (au début, il n’y en avait qu’une) de la ville fut ma
principale complice à ce sujet. Nous avons eu de nombreux et extraordinaires
échanges concernant la psychologie des jeunes et leur rapport au spirituel,
particulièrement la foi chrétienne. J’ai tellement appris auprès d’elle et des
ados qui s’impliquaient dans de nombreux projets concrets dans leur milieu. Je
rends grâce à Dieu pour l’ouverture qu’Odette m’a manifestée sans aucun esprit
de compétition ou de rivalité. Pratiquante dominicale régulière et impliquée dans
la paroisse, elle oeuvrait constamment à construire des ‘ponts’ solides et
durables entre sa communauté chrétienne et le milieu scolaire.
Enfin, n’oublions pas les parents. Généralement, les ados veulent prendre une certaine distance avec eux, cela fait partie de leur quête d’autonomie. Mais n’empêche qu’ils sont les premiers concernés par toute pastorale-jeunesse. Ils sont ceux qui connaissent le mieux leur-s jeune-s et ce serait une grave erreur de ne pas tenir compte de leur amour inconditionnel et de leur ‘expertise’ irremplaçable et tellement précieuse dans un tel projet ecclésial. Il s’agit de trouver la manière de les impliquer discrètement et avec le plus grand respect pour leur-s ado-s. Délicate et incontournable mission.
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La semaine
prochaine : Une réponse formidable.