Et puis après? (39)
Je ne vous décrirai pas le déroulement en détails de cette première réunion, je ne me rappelle pas de ceux-ci, de toute façon. Mais je me souviens clairement de l’ambiance fraternelle, remplie d’énergie et d’expectative. Le premier pas fut logiquement de faire connaissance. Je sais que nous avions d’intéressants jeux ‘brise-glace’. Plusieurs jeunes se côtoyaient déjà à l’école, ce qui a déjà favorisé une belle dynamique. Les adultes responsables nous sommes présentés aussi et avons exprimé simplement les tenants de ce projet pastoral paroissial au moment où on se parlait. Il s’avérait vital que les jeunes saisissent pleinement l’objectif et le cadre de ce que nous débutions ensemble pour qu’il n’y ait pas de confusion : nous avons une spécificité. En même temps, nous avons clairement indiqué qu’il ne s’agissait pas d’une démarche imposée de haut, mais plutôt venant en grande partie de ce que le Saint Esprit dira par eux et dans nos cœurs.
Une fois
cela bien clarifié, nous avons sondé le terrain en profondeur. J’ai toujours
compris mon rôle de prêtre, comme celui d’un ‘facilitateur’, un ‘ouvreur de
portes’. C’est plus compliqué et long de prendre le temps de sonder les cœurs,
mais cela porte davantage de fruits que d’arriver avec un contenu tout décidé d’avance.
Par exemple, une critique constructive que j’ai toujours exprimée face aux
parcours de catéchèse pour les enfants, c’est le manque de place pour le
partage du vécu de chacun et l’écoute de ceux-ci, et de leurs parents présents.
Nous sommes plusieurs à dire que l’approche s’avère généralement une
démarche trop statique où on s’asseoit sagement à une table pour recevoir un contenu,
contrairement à la proactivité souhaitable. Tout est réglé à la minute près,
même le temps de prière à la fin. Trop de matière, pas assez de temps
d’accueil, insuffisamment de spontanéité et d’interaction entre les
participants. Beaucoup de jeunes résistent, avec raison, à cette façon de
faire. Lire des paragraphes du manuel à voix haute à tour de rôle, et remplir
des phrases trouées… avec un peu de bricolage de temps en temps. Je le sais, entre autres parce que j’ai animé un groupe de la première à la dernière année de catéchèse.
Croyez-moi, je n’ai pas couvert toute la matière qu’on me demandait d’enseigner
et je saisissais bien que le programme n’avait pas un succès fou chez les
jeunes (qui -les rencontres se faisant souvent le soir- ont déjà passé toute la
journée à l’école). Chaque groupe est différent, direz-vous. De fait. Mais je vous partage ici ma réaction suite à l'écoute d'une multitude d'enfants, de parents, d'animateurs-trices de différentes équipes pendant des décennies d'engagement en paroisse. Oui, il y a des connaissances de base à transmettre, mais
le ‘savoir-être’ ne devrait pas céder constamment sa place au ‘savoir’. Je
comprends que cela puisse provoquer une insécurité chez certains responsables
et animateurs-trices ne se sentant pas suffisamment équipés pour ‘sortir’
librement du livre. Attention, je ne dis
pas que tout est à refaire, dans les parcours (québécois) proposés par notre
diocèse; on y trouve des ‘perles’. Mais il y a certainement des transformations
et des conversions à vivre (peut-être que cela se fait actuellement, je suis
possiblement ‘en retard dans les nouvelles’, comme on dit). Avec des ados, ce
serait une approche automatiquement vouée à l’échec. Et comme nos enfants sont
pré-ados de plus en plus jeunes…
Voilà pourquoi, en ce soir mémorable de février,
nous avons largement donné la parole et ouvert nos oreilles. Nous désirions
ardemment vérifier quelles étaient les attentes des participants, au plan de la
foi et de la vie en Église. Plusieurs n’en avaient pas encore suffisamment
conscience pour mettre des mots là-dessus. Probablement que certains n’avaient pas
d’attentes précises. D’autres, au fond, avaient répondu à l’invitation sans
trop savoir de quoi il s’agissait. Laissez-vous le temps d’y réfléchir jusqu’à
la prochaine rencontre, leur dis-je alors. Quelques jeunes, pour qui cela
s’avérait déjà plus clair, ont alors pris le risque de s’exprimer et ont sans
doute aidé les autres à mieux saisir ce qui les habitait. Une belle manière de
vivre la Communion des saints, quoi. Donnons la chance au coureur, insistions-nous.
Bien libres de revenir ou pas, la semaine suivante, mais en même temps, prenons
le temps nécessaire pour porter le tout devant le Seigneur et d’être à l’écoute
de ce qui nous monte au cœur. Il s’agit d’un projet que nous construirons
ensemble, pas à pas, main dans la main. D’ailleurs, nous sommes tous, jeunes et
moins jeunes, des apprentis de l’Évangile, n’est-ce pas?
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La semaine prochaine: Les 4 'H'