Une réponse formidable (38)
Au fil des
ans, grâce à l’éducation permanente et ma curiosité intellectuelle insatiable,
j’ai glané ça et là des notions de psychologie et de pédagogie qui m’ont grandement
aidé à faire face aux défis de la pastorale en paroisse. Conférences, cours
complémentaires à l’Institut de pastorale, formations données par le diocèse, lectures
variées, etc., je ne me rappelle pas de tout, mais je suis conscient que je
suis allé chercher de précieux moyens pour mieux accomplir ma mission sur le
terrain. Et, comme je le disais précédemment, en ce qui concerne la pasto-jeunesse,
mon lien constant avec l’animatrice de pastorale de la polyvalente, les
interactions avec des confrères de grande expérience, mes lectures, m’ont
beaucoup éclairé. Bien entendu, notre vécu personnel (famille, école, travail,
communauté chrétienne) compte grandement, sans même qu’on le réalise, dans l’élaboration
de ce que j’appelle notre ‘coffre à outils’. Mon implication au Café Chrétien
ainsi que mon premier stage furent, vous vous en doutez, des occasions fondamentales
d’apprentissage au service des gens dans leurs besoins. Au fond, le Seigneur
m’avait préparé depuis longue date à ce qu’il allait me demander d’accomplir à
partir de là.
Cela étant
dit, au moment de dire oui à la pasto-jeunesse, je n’ai pas de formation
spécifique à ce sujet. Il me faut travailler fort pour bâtir un certain plan
d’action et présenter éventuellement ma vision (surtout celle de l’Esprit
Saint) au CPP. Je ne sais rien des niveaux taxonomiques, de la pyramide de
Maslow ou des compétences transversales (amusez-vous bien sur Google!) mais je
n’oublie jamais que l’écoute des premiers concernés, les jeunes, doit avoir une
place prioritaire dans ce plan.
Voilà donc,
qu’après avoir parlé de la première esquisse du projet avec la communauté et
surtout avec quelques personnes qu’on me réfère, je réussis à intéresser
quelques adultes, des parents, à s’impliquer dans l’élaboration d’un programme.
Ils seront mes ‘oreilles’ sur le terrain et d’excellents ‘recruteurs’,
commençant bien entendu par leur famille propre. Déjà à cette époque, les
parents ayant une foi vivante et articulée se désolent que leurs jeunes
s’éloignent de l’Église (et parfois même de Dieu…) presque systématiquement à leurs
18 ans (et, pour certains, dès la Confirmation). Ils ont un réel souci d’offrir
une bonne nourriture spirituelle à leurs ados et désirent ne pas demeurer
passifs devant la situation. Le contexte québécois ne favorise clairement pas l’adhésion
à la foi chrétienne catholique, constatons-nous. Que faire? Je m’asseoirai
plusieurs fois avec eux pour prier, discerner, rêver, discuter de cet
indéniable état de choses, puis élaborer un embryon de départ. C’est avec eux,
trois ou quatre adultes, que je vivrai ma première rencontre de jeunes à
l’Assomption. Un jour ou l’autre, si on veut apprendre à conduire, il faut
prendre un volant; si on veut apprendre à nager, il faut se mouiller. Comme un
grand saut dans la foi, avec une énorme confiance en Dieu et en ses dons dans
nos vies, nous avons convoqué des jeunes à une première réunion. Humblement,
disons-le, nous n’avions pas les compétences professionnelles requises, mais,
par contre, en plus de l’expertise parentale, nous possédions une double dose
de courage, de bonne volonté et de confiance au Saint Esprit, Maître d’œuvre de
cette démarche.
Ce n’est
qu’à la mi-février 1987, donc environ trois mois après la demande du Conseil de
pastorale, que cela s’est déroulé, dans la chaleureuse maison rustique d’un des
animateurs, fier de nous accueillir dans son foyer. Nous n’en croyions pas nos
yeux : plus d’une vingtaine de jeunes se sont présentés : bien
au-delà de nos espérances.
La semaine
prochaine : Et puis après?