Les messes jeunesse -1ère partie (41)

 


L’une des choses qu’on nous demandait de faire, au Grand Séminaire : la lecture des rubriques du Missel romain. Il s’agit d’un ensemble de pages se trouvant au début de ce grand livre, qui nous indiquent comment célébrer la messe, les règles pour les gestes, les attitudes, qui fait quoi, etc. Heureusement, depuis Vatican II, l’Eucharistie s’avère bien moins codifiée qu’avant, mais tout de même… Quelques temps après mon départ du Grand Séminaire, j’ai su qu’on y donnait un cours sur ‘comment présider la messe’. Une fois la théorie bien assimilée, chaque futur prêtre devait passer devant la caméra. Ainsi, on pouvait analyser les ‘défauts’ à corriger. Exemple : la position des mains durant la consécration ou la manière d’ouvrir les bras durant la prière eucharistique (les coudes pas trop près du corps…). Je n’ai rien contre ça. On uniformise ainsi le déroulement. Autre exemple du Missel : on demande au pasteur de vraiment faire silence après la fameuse invitation : ‘Prions’. On nous indique aussi quelles sont les tâches du diacre permanent. Il faut certainement vivre la messe dans un certain ordre pour que ça ne devienne pas anarchique. J’avoue que, lors de mes voyages, j’appréciais grandement de m’y retrouver même si l’Eucharistie se célébrait dans une langue que je ne connaissais pas.

Il me semble vraiment important que chaque prêtre soigne sa façon de présider et s’examine en toute honnêteté. Quand nous célébrons quotidiennement depuis des décennies, il y a un important danger de tomber dans la routine et de développer des tics. Nous en avons certainement tous, que nous devons déceler et corriger. Ces tics peuvent s’avérer terriblement agaçant pour les paroissiens. Sans oublier que nous accomplissons d’abord le culte pour nul autre que…Dieu lui-même. Il a beau être miséricordieux, l’Eucharistie se veut la source et le sommet de notre vie chrétienne, et la façon de la vivre, surtout de la ‘diriger’ parle fort au sujet de notre lien avec Dieu, notre respect envers lui et, au final, l’amour que nous lui portons. À ne pas prendre à la légère. Il ne s’agit bien sûr pas d’une performance (comme le monde le saisit) mais il nous faut néanmoins viser l’excellence, tout en demeurant conscients que nous demeurons des humains. En fait, nous tentons, avec des moyens bien limités, de glorifier Dieu, de le rendre ‘célèbre’ publiquement (au fond, sens premier du terme ‘célébrer’) et de réjouir son cœur de Père. J’ajouterais que les gens ont un sixième sens pour discerner l’authenticité du culte divin. Quand c’est d’abord soi qu’on célèbre…ou que nous prions du bout des lèvres sans que l’amour soit réellement au rendez-vous, les personnes participantes le saisissent bien.

Personnellement, j’ai beaucoup appris dans la lecture des rubriques du Missel romain, mais aussi surtout en regardant présider les prêtres des nombreuses messes auxquelles j’ai participé. Cela dit, lorsque fut arrivé mon tour de présider, le dimanche 18 juin 1989, ce ne fut sans doute pas parfait en terme de respect de tous les détails, mais ce fut fait avec tellement de cœur, tellement d’amour, je suis convaincu que le Seigneur a agréé mon offrande et que les paroissiens m’ont trouvé ‘acceptable’.

Dans le grand projet de pasto-jeunesse, je ne fus pas surpris que les ados, dans leurs attentes exprimées, désirent créer des messes jeunesse. Plusieurs pratiquaient régulièrement (nous sommes en 1987…) et avaient de la difficulté à accrocher au style de messe, si je peux m’exprimer ainsi, qu’on leur servait. Mais voilà, je n’étais pas encore ordonné, j’avais donc peu de pouvoir là-dessus, sinon celui de persuader mon curé d’embarquer dans notre état d’esprit. Jusqu’où pourrions-nous aller dans l’innovation? (À suivre)

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