Des collaborations précieuses (45)
Une
activité formatrice et pédagogiquement ‘payante’ comme celle des camps demande,
vous vous en doutez, de nombreux bénévoles. Je lève mon chapeau à toutes ces
personnes avec qui j’ai eu la joie de travailler au long de mes décennies de
ministère actif, particulièrement en pasto-jeunesse. Ces gens ont offert leur
temps, leurs compétences, leurs plus belles qualités et, disons-le, de leur
argent durement gagné, afin de soutenir la vie paroissiale dans ses différents
volets. Pour prendre les camps en exemple, nous n’avions évidemment pas les
moyens de louer un autobus, alors des parents nous offraient de transporter les
jeunes et le matériel pour compléter ce que je pouvais moi-même mettre à la
disposition du projet. Combien de fois j’ai demandé à ces paroissiens de me
fournir des factures afin que nous remboursions leurs dépenses –incluant le
gardiennage, dans certains cas, et la réponse s’avérait toujours la même :
je suis heureux de le faire, voilà tout (même lorsque nous avions un budget
spécifique à la pasto-jeunesse!). Quand une grosse fin de semaine se terminait,
j’avais généralement la chance de prendre mon lundi de congé, comme à l’habitude.
Mais pas eux… Quelle générosité extraordinaire, dans nos communautés
chrétiennes, dont on parle si peu souvent, malheureusement. Sans bénévoles (litt.
‘qui veut, qui fait du bien; bienveillant), pas de paroisse. Lu sur un panneau
d’affichage à St-Gilles : «Si le bénévolat n’est pas payé, ce n’est pas
parce qu’il ne vaut rien, mais parce qu’il n’a pas de prix.» (On n’indique pas
l’auteur). Tellement vrai! Et pas seulement en Église, mais pour toute la
société.
J’ajouterais
ceci : permettez-moi d’affirmer que dans la communauté chrétienne, le
bénévole est plus qu’un bénévole. On pourrait parler, comme dans certaines
grandes compagnies, d’associés. De par son baptême, chaque chrétienne et chaque
chrétien constitue une pierre vivante de l’édifice, sans laquelle la
construction du Royaume ne peut s’accomplir. Vatican II a beaucoup insisté sur
cette vérité. Certains ont encore de la difficulté à ‘digérer’ et à vivre cela :
la paroisse appartient à tous, chacun selon son rôle, dira Saint Paul avec
raison, en prenant l’image des membres du corps humain. Chaque personne, selon
ses charismes et ses appels, a un rôle irremplaçable à jouer (pas toujours un
rôle dans l’action visible et palpable; la prière et l’offrande de son
quotidien participent grandement à l’édification du projet divin). Prendre sa
place, sans prendre la place des autres, ou encore toute la place : voilà
un grand défi, qui demande de l’humilité et de l’ascèse, mais un magnifique
mouvement dans le sens de l’Évangile.
Personnellement,
je suis un gars d’équipe, et je dois dire que j’ai toujours apprécié œuvrer avec
d’autres personnes, qu’elles soient mandatées et salariées ou non. Je ne saisis
pas comment une personne communément qualifiée de ‘cowboy solitaire’ peut vivre
la paroisse en y trouvant satisfaction et épanouissement… Quelle joie que de
vivre un véritable brassage d’idées autour d’une table, avec un bon café, et de
bâtir un projet commun, riche de l’apport de chacune et chacun. Bien avant d’être
en stage en paroisse, j’ai vécu le comité de liturgie dans ma communauté d’enfance,
et j’attendais toujours cette soirée avec délectation! Je me rappelle qu’à la
petite école, les professeurs nous incitaient régulièrement à travailler en
équipe, et cela a sans doute contribué à mon bonheur de le faire.
Mais
attention aux apparences parfois trompeuses : je suis allergique aux
tables où la personne qui nous réunit nous ‘instrumentalise’ pour se mettre en
valeur et faire exécuter ses propres plans, déjà décidés d’avance, et accomplir
les tâches qui la rebutent. J’ai malheureusement vécu ce genre de situation en
Église (hé oui, on ne trouve pas seulement cela en politique…). Un marguillier
d’une paroisse de Montréal m’avait déjà confié qu’il allait démissionner parce
que son curé ne voulait, au fond, que des ‘béni-oui-oui’ (plus communément
appelés des ‘yes-men’, au Québec) acquiesçant sans discussion ou presque à ce
qu’il avait déjà décidé. Vous est-il déjà arrivé de constaté que quelqu’un vous
regarde sans vous écouter? Son regard vide et neutre cache ce qui se passe
derrière les yeux : la réponse toute faite qui a hâte de s’exprimer dès que
vous aurez fermé la bouche, peu importe le contenu de ce que vous aviez à dire?
Si vous êtes chanceux, cette personne reprendra un élément de ce qu’elle a
entendu pour subtilement vous faire croire que vous avez contribué à ce qui va
suivre et que, oui, vous avez de bonnes intuitions. Mais en réalité, elle vous
amène quand même là où elle le voulait déjà, bien avant votre intervention.
Vraiment souffrant…
Dieu soit
loué, j’ai eu surtout le bonheur d’avancer dans la vie chrétienne entouré de
personnes habitées et passionnées de Dieu, attentives aux autres, non centrées
sur elles-mêmes, altruistes, reconnaissantes des idées et des inspirations de
leurs sœurs et frères, tout autant porteurs de l’Esprit qu’elles. La semaine
prochaine je me permettrai de vous parler de mon ‘ouvreuse de portes’, animatrice
de pastorale au Secondaire, avec qui j’ai beaucoup collaboré. Membre engagée de
notre communauté chrétienne, participante –entre autres- au Conseil de
Pastorale, très tôt elle m’invita à venir visiter les lieux de sa mission
quotidienne. Je me suis tout de suite senti à l’aise dans cette école. En fait,
plus qu’à l’aise : grâce à elle, je m’y sentais vraiment chez moi. (À
SUIVRE)