Des collaborations précieuses -2 (46)

 

J’ai aimé l’école. Au primaire, j’ai vécu, de la part de certains jeunes –sans doute très souffrants dans leur cœur et dans leur tête- beaucoup de violence, psychologique et même physique. J’étais souvent premier de classe (pas tant par talent mais avec un travail acharné), suscitant sans doute de la jalousie; je portais des lunettes dès l’âge de 6 ans (sans commentaire!); ma mauvaise coordination yeux-mains me rendait nul aux sports de ballon (l’apprentissage d’un instrument de musique m’a aidé, à ce sujet, éventuellement); j’étais frêle, sinon malingre (et asthmatique, de surcroît), souvent malade au lit… Tout ce qu'il faut de matière à l'intimidation. Mais, malgré ce stress quotidien,  j’adorais apprendre. Mes professeurs m’ont beaucoup compris et soutenu et, malgré les souffrances infligées par certains pairs, je me sentais relativement heureux d’entrer à l’école. Paradoxalement, je fus élu président de classe plusieurs fois. Faut croire que certains m’appréciaient secrètement. En deuxième année, on me nomma rédacteur en chef du petit journal de classe. On m’a aussi désigné, en sixième, selon mes souvenirs, pour recueillir les caisses scolaires Desjardins de toute l’école pour les remettre à la secrétaire, et les éducatrices-teurs me demandaient souvent d'aider les enfants de ma classe ayant davantage de difficultés (quelle fierté! Merci à tous ces adultes de Jeanne-Lajoie, René-Guénette, Pie-IX et Calixa-Lavallée qui ont contribué à mon épanouissement).

J’appréciais tellement l’école que j’ai longtemps affirmé que je voulais devenir professeur de français, ma matière préférée. D'ailleurs, avec mon petit frère, nous jouions souvent à faire l’école, et devinez qui se donnait le rôle du prof… Pauvre André, lui qui détestait tellement l’école. Que de sanctions disciplinaires il a reçues de la part de son grand frangin autoritaire, lors de ces jeux d’enfants. Mon père m'emmenait au grand magasin des Frères des Écoles chrétiennes ou de l'Instruction chrétienne (sur le boul. Gouin; je me trompe peut-être de communauté religieuse...) pour m'acheter des auto-collants anges et étoiles, des étampes et encreurs, un tableau vert et des crais, etc. Un grand bonheur!

Alors, vous comprenez que lorsque mon rôle de futur-prêtre et, plus tard, de prêtre, m’a permis d’entrer dans les écoles primaires et secondaires, invité par les enseignant.e.s et avec l'accord des directions : quel privilège dont je suis reconnaissant! À quelque part, le pasteur s’avère un enseignant pour ceux qu’on lui confie. Je n’ai finalement pas été prof comme tel, mais quelle satisfaction de partager mon témoignage de vie et mes convictions de foi. Quelle joie aussi de répondre aux nombreuses questions des jeunes sur la Bible, l’enseignement de l’Église, la morale chrétienne, etc. Je dois dire que j’avais aussi l’humilité de le dire, lorsque je n’avais pas de réponse claire à donner. Avec les élèves, je cherchais des pistes, j’explorais divers chemins, une réponse amenant souvent une autre interrogation. Je faisais mes recherches et revenais avec d’autres éléments. Plus tu apprends, disait quelqu’un, plus tu apprends que tu as encore tellement à apprendre!

Tel que promis la semaine dernière, je voulais vous présenter aujourd’hui Odette. Animatrice de pastorale à la polyvalente Paul-Arseneau, de l’Assomption (après avoir été enseignante, ainsi que son époux Frantz, fondateur et rédacteur du journal ‘L’Écrivain Public’). Quelle belle ‘ouvreuse de portes’ pour moi. Elle me présentait aux élèves et au personnel avec tant de chaleur et de gentillesse. Sa formation pédagogique s’avérait certainement un excellent outil de travail pour elle, mais plus encore, son écoute, son souci de chacun, son ouverture, sa candeur. Que de fois, elle m’a permis de m’intégrer directement ou indirectement dans ses activités pour une pastorale de…«savoir-être». Une fois ordonné prêtre, elle me demandait, entre autres, d’aller célébrer le Sacrement du Pardon au Salon de la pastorale (préparation communautaire et rencontre personnelle pour ceux qui le désiraient) lors de l’Avent et du Carême. J’étais toujours le bienvenu dans cette établissement. Je me sentais attendu. On en reparlera dans d’autres articles, mais avec Odette et d’autres intervenants, nous avons organisé huit samedis-jeunesse où participaient de 200 à 300 jeunes chaque fois. Elle a accepté aussi d’animer un groupe Jeunesse du Monde Montréal, en paroisse (elle en avait déjà un très actif à son école). Merci, Odette, pour ta foi et ton sens contagieux de l’émerveillement! Joyeuse amoureuse du Seigneur et des gens, particulièrement les plus souffrants. Femme de terrain, positive, remplie d’espérance, audacieuse dans son témoignage et ses projets professionnels (bien moins timide que moi!) mais toujours délicate et respectueuse de l’autre: comme Jésus qui rejoint ses disciples sur la route d’Emmaüs. Maman et épouse, priorisant ses plus proches malgré ses nombreux engagements et multiples réunions, Odette rayonnait et laissait sa trace dans les cœurs et les vies de toutes les personnes qu’elle rencontrait. Quel exemple édifiant d’apôtre de notre temps.

Je termine en me rappelant une invitation que m’avait faite Odette dès mon premier printemps à l’Assomption : la Marche 2/3 de 1987. Je connaissais très bien cette activité de financement et de sensibilisation aux problèmes de la faim, de la pauvreté et de l’injustice sociale ici et dans le monde, y ayant participé fidèlement chaque année de mon Secondaire à Montréal-Nord (à l’époque, on marchait 30 km, départ et arrivée se faisant au Collège Marie-Victorin). Ce fut une belle occasion de côtoyer ses jeunes plus longuement –hors les murs- et d’engager des conversations très pertinentes lors des pauses et du repas du midi dans un parc du coin. Je pus à ce moment me ‘visibiliser’ plus largement et créer de bons contacts avec des ados qui, pour plusieurs, allaient devenir des membres du groupe en train de se constituer, en paroisse, et qui porterait bientôt le nom de «Jeunesse à Cœur» (choisi par les jeunes eux-mêmes). Quelques-uns des ‘fans’ d’Odette ont d’ailleurs fait partie du fameux premier camp dont je vous parlais la semaine dernière.

Chez elle, pas d’esprit de rivalité, de compétition.  Tout ce qui comptait pour cette magnifique personne : le bien des jeunes. Merci, Odette! Tu fus pour moi un modèle et une inspiration extraordinaires. Je continue de te porter dans mes prières. Ce fut une grande joie de te rencontrer de nouveau aux funérailles de notre ami commun, Jean Robillard, le 8 février. Merci pour tout!

J’ai, bien entendu, bénéficié de nombreuses autres collaborations, je vous en parlerai davantage la semaine prochaine : les animatrices de pastorale au primaire.

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