Salut! Jeunesse (69)


 Avant d'aller plus loin dans mes articles, il me faut vous parler d'une activité annuelle vraiment spéciale que nous avons organisée plusieurs années mêmes avant la pasto de secteur: les «Salut! Jeunesse»!

 Dès le début de mon stage à l'Assomption, je pris contact avec Odette (très impliquée en paroisse et pleine de ressources; femme de liens et de contacts, par excellence!) et Jean-François, la première étant animatrice de pastorale à l'école secondaire Paul-Arseneau, l'autre, animateur au Collège de l'Assomption. Plusieurs de leurs jeunes s'impliquaient dans la communauté chrétienne via le groupe Jeunesse-à-Coeur (nom qu'eux-mêmes avaient choisi) et il me semblait essentiel que nous collaborions ensemble. Jésus, notre modèle, fut un grand rassembleur et créateur de liens. Nous tentions de vivre cela à sa manière. À leur invitation, j'allais occasionnellement célébrer, témoigner de mon cheminement ou confesser dans leurs locaux lors de temps forts. Ils m'invitaient aussi pour être simplement présent à certains de leurs projets. Je ne me faisais pas prier, croyez-moi, j'ai toujours apprécié l'ambiance d'une école. 

Un jour, nous nous demandions quel projet inventer pour visibiliser plus concrètement et largement le lien école/paroisse et rassembler nos jeunesses dans autre chose que du sport. Après réflexion entre nous et de bonnes conversations avec les premiers concernés, il fut convenu que nous organiserions un samedi-jeunesse, ouvert à tous les élèves de nos deux écoles dans un premier temps, puis s'élargissant à toutes les écoles du secteur, par la suite, si la réponse s'avérait positive. De fait, il y eut une suite: au total nous avons organisé huit (8) samedis jeunesse annuels appelés: «Salut! Jeunesse», le premier ayant eu lieu en 1991. Il me reste seulement trois affiches publicitaires, que je vous présente ci-bas.

Au fil des ans, les animateurs du Collège changeaient mais les nouveaux acceptaient d'embarquer dans l'aventure. Au bout du compte, cinq écoles secondaires s'impliquèrent, ainsi que leur personnel, même si l'événement se tenait toujours à l'Assomption. Je me rappelle avoir fait la tournée des cinq institutions d'enseignement, pour promouvoir l'événement, avec mon clavier, en faisant de l'animation sur l'heure du midi, avec des ados du comité organisateur --ceux-ci changeant selon l'école que nous visitions. Cela demandait une certaine audace (chapeau aux ados qui acceptaient cette tâche de promotion et de distribution de feuillets!), et l'accueil n'était pas toujours chaleureux (dans l'une d'elles, je reçus un petit projectile à la figure; un jeune avait dévissé une pièce au bout de la perche de mon pied de micro et me l'avait lancée. Je ne fus pas blessé et l'incident -isolé- ne fit pas de vagues.)  Les animatrices-teurs considéraient ce temps comme nécessaire pour faire connaître et apprécier le «Salut! Jeunesse» et le comité porteur. Il faut savoir sortir de sa zone de confort pour progresser et grandir, surtout dans le domaine de la foi.

Avec nos jeunes, nous trouvions chaque année un thème particulier, qui se collait aux préoccupations de notre 'public cible'. Prenons l'exemple de l'année où nous avons choisi: «Salut! terre». Laissons parler M. Frans Van Dun dans le journal qu'il a fondé à l'Assomption, «L'Écrivain public», avec sa plume proverbialement riche, engagée et interpellante:

«Le jour J, nos jeunes sont venus pour redécouvrir et fêter leur lien ombilical et nuptial avec la terre, cette mère nourricière qui nous porte, d'une richesse et d'une beauté infiniment diversifiée mais si fragile aussi et que nous osons rudoyer et torturer jour après jour...

Les ''Sainte-Croix''* invités (un Père et une Soeur) ont mis en scène une présentation impressionnante de la terre, débouchant sur une parole de vie, adressée à chacun individuellement, et sur l'endossement d'un tee-shirt avec l'inscription 'J'me mêle de ce qui me regarde', c'est-à-dire l'environnement.

De cette manière, le ton fut donné. Après quoi, les jeunes se sont répartis en ateliers, animés par les plus âgés d'entre eux. Ils ont écouté d'abord, pour l'interpréter ensuite, un texte intitulé ''L'Anti-Genèse'': l'homme qui prend bêtement le contre-pied du merveilleux poème de la Création... Ciel et terre, mers, plantes, poissons, humains...le tout si bon aux yeux du Créateur. Alors que cette terre, aujourd'hui, confiée à l'homme, est violée de mille manières. À partir de leurs mises en commun en atelier, les participants, par diverses techniques (diaporama, immense sculpture avec matériaux recyclables ou recyclés, rédaction d'une charte, grande murale en photos, ombres chinoises, jeu théâtral) ont exprimé leur propre vision de la terre pour la présenter ensuite en assemblée générale: événement culminant et privilégié de la journée. Au moment de se rassembler sur la place publique, ils s'étaient transmis un immense globe terrestre, comme pour la prendre en charge, et ont formé une chaîne à partir des quatre points cardinaux. Chacun avec sa lumière, chantant un cantique à la Création, inspiré d'une charte des 'oui' et des 'non'. Sans demi-mesures. 

Ils ont senti aussi que le respect de la beauté de la terre débouche sur le respect de l'homme. Du voisin. De l'enfant. Du simple d'esprit. Pour déboucher immanquablement sur la paix.» (FVD)

Je me rappelle ausi que la chanson de Marie-Denise Pelletier 'On doit pouvoir survivre ensemble', qui rythmait notre journée, a suscité de vives émotions, comme seule la musique sait le faire. Oui, je suis d'accord avec Frans pour dire que ce jour-là le Créateur devait regarder ses enfants et s'exclamer, comme au 7e jour: 'Cela est beau et bon'. Cette expérience extraordinaire nous donna des ailes pour récidiver l'année suivante.

Je pense que vous avez déjà là un bon portrait de notre événement annuel 'Salut! jeunesse'. Permettez-moi d'ajouter quelques autres éléments importants.

M. Van Dun parlait de la communauté religieuse des 'Sainte-Croix' que nous avions impliqués dans le projet (Ceux-ci ont en effet fondé le mouvement 'Salut! terre' -un jeu de mots très pertinent, n'est-ce pas?- qui s'implantera éventuellement dans notre région. On y traitait de pollution, mais pas seulement en référant à la nature, mais aussi dans nos relations interpersonnelles, et même avec Dieu.)  Au fil des ans, nous avons ainsi travaillé avec différents organismes dont Jeunesse-du-Monde Montréal et les Maisons de jeunes, pour ne mentionner que ceux-là. 

Je me rappelle qu'une fois nous avions convié une des participantes (dont j'oublie malheureusement le nom; je sais qu'elle était originaire de l'Assomption) de l'émission 'Course Destination Monde' (à Radio-Canada; des jeunes, caméra à l'épaule, voyageaient à travers la planète et revenaient avec des courts-métrages, montés par eux-mêmes, exprimant un aspect particulier de leur expérience). Elle avait animé un atelier de montage-vidéo, en partageant le témoignage de son aventure incroyable! À une autre occasion, lui aussi étant originaire de l'Assomption, le comédien Martin Drainville a accepté de venir rencontrer les jeunes et leur adresser la parole. De plus, mentionnons que l'animatrice d'une des plus récentes écoles secondaires de notre milieu s'appelait...certains d'entre vous l'ont connue à la télé...Lise Marchand, alias Lison, autrefois à la barre de l'émission Samedi-jeunes. Son implication dans le déroulement d'un de nos samedis fut remarquable et grandement appréciée. Quelle professionnelle! L'année du thème «Jeunes pour la Vie» nous avions engagé une troupe de théâtre-forum. Il s'agit d'une technique d'art dramatique qui présente des situations conflictuelles et où le public contribue activement à proposer (et même jouer) des solutions réalistes (en savoir plus sur le théâtre-forum) de dénouement.

À un moment donné, nous avions adopté la formule de l'animation par deux jeunes parmi les plus dynamiques et appréciés de leurs pairs: un gars et une fille qui avaient beaucoup d'humour et sont pratiquement devenus les 'mascottes' de nos «Salut! Jeunesse»; un jour, comme maîtres de cérémonie, ils ont décidé de jouer leur rôle en incarnant les célèbres 'Pôpa et môman' de 'La p'tite vie'. À nous faire décrocher la mâchoire! (Fait à souligner: tous deux enseignent aujourd'hui dans cette école.)

Chacun des «Salut! Jeunesse» se concluait par une partie festive. Souvent, l'un de nos amis, le chansonnier Caplan, se chargeait de cette partie où il agissait à la fois comme chanteur-guitariste et DJ, sachant magnifiquement soulever et entretenir l'intérêt de son public.

Vous vous en doutez, l'organisation prenait des mois à partir du moment du choix du thème jusqu'au moment d'installer les locaux et le matériel, sans oublier le travail colossal de financement (Nous comptions sur une petite part du budget de la pastorale, scolaire ou paroissiale, mais nous devions surtout réussir à intéresser plusieurs donateurs et commanditaires). Il fallait garder la forme: je me rappelle d'un samedi où je suis arrivé à l'école PA vers 6h30 le matin pour en ressortir...dans la nuit, vers 2h. Cela va de soi que nous devions remettre l'école telle que nous l'avions prise le matin. Ici il faut souligner l'apport généreux des concierges qui mettaient la main à la pâte. Et dans les jours qui suivaient, nous nous faisions un devoir de nous rencontrer pour évaluer méticuleusement tous les aspects de l'événement -forts des retours que nous avions de la bouche de nos jeunes- afin de faire mieux la prochaine fois (en paroisse, malheureusement, nous manquions trop souvent de temps ou de volonté -ou d'humilité- pour cette étape cruciale de tout projet). Je n'ai pas besoin de vous dire que nous vivions tout cela, implicitement et explicitement, sous la mouvance du Saint Esprit.

Au final, ce fut une réalisation communautaire récurrente fort enrichissante pour tous et qui nous donnait énormément de fierté. Les premiers participants furent, évidemment, les jeunes de la pastorale (en paroisse ou à l'école) mais, bon an mal an, nous réussissions à réunir quelques centaines d'ados de divers horizons (parfois jusqu'à trois cents) pour une journée inoubliable, sous la bannière du service de pastorale scolaire et des valeurs chrétiennes auxquelles nous adhérons. J'en rends grâce à Dieu! Et je prie pour que tout cela ait porté d'abondants fruits.

(ci-bas, l'une après l'autre, trois des affiches de l'événement. Les visages sont floutés parce que je n'ai pas pu demander l'autorisation de publication de la part des personnes mineures impliquées. Question de respect.)


La semaine prochaine: Un 'concile' provincial à l'Assomption? (1ère partie)

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