On s'organise - 2e partie (75)


 
Matthieu 22, 36-40
« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »
37 Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
38 Voilà le grand, le premier commandement.
39 Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
40 De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »

Tout est dit. Voilà les fondements de toute vie chrétienne, donc de la pasto-jeunesse. Voilà le premier critère d'un engagement auprès des familles et des jeunes dans le projet que nous avons bâti ensemble. L'Amour. De Dieu et des autres. Quand on accepte de répondre à l'appel de servir en Église -d'autant plus auprès des plus jeunes- il nous faut donner l'exemple, devenir des modèles d'amour évangélique et de foi vivante, authentique. Il faut abandonner notre gros ego à la porte. Ne surtout pas vouloir s'impliquer pour combler nos besoins affectifs ou pour vivre, par procuration, la jeunesse que nous aurions aimé avoir ou que nous ne voulons pas abandonner malgré notre âge adulte.

Cela prend de la discipline personnelle pour servir sans rien attendre en retour, 'à la Jésus', comme j'aimais le dire. Dans ce ministère, n'y aurait-il donc pas place à l'épanouissement personnel, le plaisir, la joie, la valorisation de ce que nous sommes? Je ne dis surtout pas ça. Au contraire! Personnellement, j'ai tout reçu cela par surcroît, en abondance! Mais pas parce que je recherchais cela en premier. La priorité du serviteur: désirer, vouloir et tout faire en fonction du bonheur de l'autre, ce dernier nous étant confié par le Seigneur. Toute autre soi-disant motivation ne peut conduire qu'à un échec. J'ai vu des personnes vraiment malheureuses dans leur mission parce qu'il leur manquait la première partie ou la deuxième, ou les deux, du passage biblique en introduction. Je ne dis pas que le serviteur en Église se doit d'être déjà parfait...nous sommes tous et toutes en chemin vers la sainteté, donc pas encore arrivés à destination, moi le premier. Il faut de l'humilité -la vraie, pas celle qui fait semblant et cache un grand égocentrisme ou narcissisme. Il faut accepter que le Seigneur puisse nous réorienter, nous réaligner, nous corriger, même. On ne peut, particulièrement en mission auprès des ados, faire fi des deux fondements de la foi chrétienne, ni espérer les servir sainement si on n'a pas un minimum de santé et d'équilibre psychologique, de maturité humaine et évangélique.

Qui suis-je pour parler ainsi? Celui à qui on avait confié la responsabilité de ces êtres précieux (la prunelle de vos yeux!) qui se trouvent à une période de définition d'eux-mêmes, qui sont facilement blessés sinon brisés par ce que j'appelle nos 'crochissures' d'adultes et qui méritent le meilleur de nous, qui osons nous appeler 'enfants de Dieu'. Ça n'est pas à prendre à la légère.

Il me fallait beaucoup de discernement pour accepter quelqu'un dans son désir d'engagement auprès des plus jeunes générations. Nous n'étions pas encore à l'époque où toute personne oeuvrant auprès des catégories dites 'vulnérables' (enfants, ados, aînés, etc.) devait systématiquement se soumettre à une recherche policière sur ses antécédents (quoique je l'avais vécu, comme conseiller spirituel des scouts, quelques années auparavant), mais nous veillions au grain et montrions une grande prudence en tout pour que rien ne puisse nuire, d'aucune façon, à personne. Je rencontrais les adultes en question et leur expliquait nos exigences, nos attentes et notre tolérance zéro en ce qui concerne les comportements inacceptables.

Petit à petit, ensemble nous avons créé une 'charte', contenant organigramme de l'organisme, nos politiques, les différents rôles et tâches, divers outils au sujet du recrutement et de la visibilité dans nos communautés, le financement (bon an mal an nous réussissions à amasser autour de 12000$ dollars -équivalant environ 22000$ en 2025; on s'en reparlera), et j'en passe. Un cahier de trente-deux pages a été produit et distribué aux personnes concernées. La table des matières comptait vingt-cinq articles, ça vous donne une idée! Vous verrez sur la photo ci-jointe que nous avons un nom: Mission-Jeunesse (qui a été ensuite repris par la pasto-jeunesse diocésaire). Celui-ci a été choisi à la suite d'une vaste consultation des groupes et le logo aussi vient de la créativité d'un participant. Précisons que chaque cellule-jeunesse se choisissait aussi un nom (exemples: Jeunesse-à-Coeur, Parta-Jeunesse, Jeunes pour la Vie, Jeunes-Dynamiques, etc.). Nous avons fait faire un chandail collectif M-J que nous portions tous lors d'un événement de grand groupe -surtout quand nous participions à quelque chose de diocésain ou provincial; et chaque entité paroissiale faisait faire le sien, avec ses propres couleurs et ses éléments graphiques, pour les activités habituelles dans leur paroisse. L'idée de base consistait à ce que chacune et chacun de tous âges se sache réellement partie prenante du projet comme 'acteur' et pas 'spectateur' ou 'exécutant des idées des autres' dans l'aventure pastorale qu'était la nôtre.

Nous avons bien entendu confié M-J (devenu éventuellement un OBNL, organisme à but non lucratif, afin de pouvoir offrir des reçus pour fins d'impôts à nos donateurs) à de saints patrons (outre la Sainte Famille, bien sûr: Jean Bosco et Marguerite Bourgeois, des témoins du Christ, pédagogues extraordinaire très près des jeunes, en ajoutant un ado, disciple de Jean Bosco, Dominique Savio. Sans doute qu'aujourd'hui nous aurions aussi choisi Carlo Acutis (nouveau saint de quinze ans).

Notre motto -et je termine ainsi aujourd'hui: Connaître-Aimer-Servir. Cela m'était venu durant un temps de vacances, comme une belle inspiration. Ma mère fut surprise parce que cela faisait partie du petit catéchisme du Québec, et elle avait appris cela à la petite école: nous sommes créés pour connaître, aimer (on ne peut aimer que ce que l'on connait, disait un philosophe) et servir Dieu (et conséquemment, le prochain). Je me rappelai alors que j'avais eu moi-même (environ trente-sept ans plus tard!) une année de petit catéchisme questions-réponses et que cela devait avoir imprégné mon subconscient.(Alleluia!). Quoiqu'il en soit, cela m'apparaissait comme une façon légitime et saine de vivre notre lien avec le Seigneur et mes soeurs et frères en humanité. Et vous?

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La semaine prochaine: Jeunesse du Monde


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