Noël - Les crèches (81)

 J'ai vécu de magnifiques moments tout au long de mes décennies d'implication en paroisse et en pastorale-jeunesse, particulièrement dans la période de l'Avent et de Noël. Bien sûr, on investit beaucoup, avec raison, dans l'ambiance de nos églises et dans nos liturgies (messes, soirées de prière, retraites, sacrement du Pardon, musique et choeurs d'enfant, d'ados, d'adultes, etc.). Permettez que je vous raconte une anecdote de messe familiale. Une dizaine de minutes avant la messe, une dame m'approche et me demande à quelle heure ça commence. Un peu surpris de la question, je lui redis l'heure de l'Eucharistie. Non, me dit-elle, pas la messe, le spectacle! Devant mon regard perplexe, et ma bouche bée, elle insiste: oui, le spectacle dans lequel ma fille joue un personnage, ce soir. Ah!!! J'allume enfin: la crèche vivante pendant le récit de la Nativité! À son tour, regard perplexe... Ça doit être ça, me répond-elle. Je lui précise que cela se fait pas mal au début de la messe. Ah. Et elle retourne à son banc où plusieurs membres de la famille sont installés. Je les verrai quitter l'église ensemble...aussitôt que la crèche vivante fut terminée...!

Parmi toutes ces célébrations (parfois quatre ou cinq, le 24, sans compter celle-s du lendemain, un vrai marathon! Mais un bonheur de rencontrer tout ce monde, c'est certain!), j'ai un souvenir particulièrement heureux des messes de Minuit (à Minuit!) à la chandelle et à la lampe à l'huile. On se constituait un petit groupe de musique et de chant, l'église se remplissait, et la joie débordait! Je pense aussi avec émotion aux belles eucharisties vécues dans des résidences de personnes âgées, entre autres avec des groupes d'ados qui se faisaient une joie de servir leurs aînés (accueil, lectures de la Parole, saynettes évangéliques, chant, etc.). Bien entendu, Noël ne se vit pas seulement dans les liturgies, confiné aux quatre murs de nos lieux de culte. L'aspect caritatif du temps des Fêtes a toujours constitué pour nos communautés un trait fondamental de ces semaines intenses et l'occasion de faire la différence dans la vie de plusieurs. N'est-ce pas une belle manière de témoigner et de répandre l'Amour venu du Ciel? N'est-ce pas une dimension fondamentale et non-facultative d'un Noël vraiment chrétien (et de toute existence se réclamant de l'Évangile du Christ)? Mon prochain blogue s'y attardera précisément. Mais, d'abord, parlons des crèches, élément incontournable de la Fête.

LES CRÈCHES

Il s'agit toujours de l'élément principal de nos églises. Comme c'est touchant de voir les gens prendre des photos devant elle, ou expliquer aux tout-petits le sens de tout cela, en leur racontant l'histoire chrétienne de Noël. La photo ci-haut présente un détail de l'immense crèche confectionnée par trente-cinq artisanes du Cercle de Fermières de l'Assomption, vers 1987. Un minimum de 2000 heures de travail et l'utilisation de plus de 24 techniques avaient été nécessaires pour confectionner des dizaines de personnages, à la manière des santons de Provence. J'avais donc eu l'idée, cinq ans après son inauguration dans notre lieu de culte, d'approcher la direction du Musée des crèches de l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, afin de leur proposer d'exposer la nôtre. Me rendant sur place avec quelques paroissiens, photos à l'appui, nous avons facilement convaincu les responsables, épatés devant un tel chef-d'oeuvre! Pendant des semaines, des dizaines de milliers de personnes ont donc pu l'admirer dans ce haut-lieu spirituel de Montréal (Noël 1992-93). 

Outre les crèches vivantes du 24 décembre au soir, avec les enfants et souvent un jeune couple et leur vrai bébé, nous avons eu l'idée un jour, peut-être inspirés par la crèche vivante du Vieux-Port, de présenter la scène de la Nativité à l'extérieur de nos murs ecclésiaux. Un projet particulièrement intéressant pour l'implication de nos ados. Nous voilà donc sur le perron de l'église de Saint-Sulpice ou de Saint-Gérard-Majelle, ou devant le Collége de l'Assomption (bien avant que le Marché de Noël prenne tout cet espace), invitant par des affiches installées un peu partout à venir vivre ce moment béni en famille. Un menuisier retraité avait accepté de nous construire une étable en pièces détachées, facilement transportable (bien que très grosse!), dans laquelle s'installerait la Sainte Famille, bien entourée des bergers, mages -bien costumés- et, parfois, d'un âne bien réel et très vivant! Nous avions concocté une trame sonore contenant narration et chants traditionnels. À certaines occasions nous avions même une participation de la chorale paroissiale. Pas nécessairement facile, tout cela, avec les températures froides de décembre... Mais quelle superbe aventure. Du chocolat chaud et des cannes de bonbon étaient offerts aux spectateurs. Mémorable! (le texte continue après les photos)

En feuilletant le journal de la pasto-jeunesse 1998, je me suis remémoré ce projet conjoint 'Maison des jeunes de l'Assomption/Mission-Jeunesse/Écoloraccros'. Les participants au programme Écoloraccros sont des jeunes qui ont décroché du système scolaire régulier. Soutenus par un projet gouvernemental et supervisés par un intervenant de la MdJ, ils avaient passé l'été à nettoyer les berges de la rivière l'Assomption et y aménager des sentiers pédestres. Que faire de tout le bois ramassé? La MdJ propose de bâtir une immense crèche contenant des personnages grandeur nature. Cette oeuvre, bellement réalisée, fut exposée sur le bord de la rivière, devant le Centre d'hébergement Chemin du Roy, près de l'église, au grand plaisir des résidents et des passants, pendant des semaines. Suite à une suggestion de la coordonnatrice de la MdJ, les ados de Mission-Jeunesse ont décidé d'organiser un événement mettant en valeur cette crèche exceptionnelle, construite et habitée par des 'bergers' d'aujourd'hui. Un froid vendredi soir de décembre, ils ont donc joué une fois de plus la scène de la Nativité, en toute simplicité, avec quelques cantiques religieux, devant des spectateurs émerveillés, particulièrement ceux qui ne pouvaient sortir de leur CHSLD et communiaient avec nous, à travers la fenêtre.

Autre moment particulièrement significatif (ouverture au monde, amour universel du Christ) l'exposition de crèches dans l'église de Saint-Sulpice. Chaque classe de l'école primaire avait choisi un pays et confectionné une crèche correspondante, reflétant entre autres la culture de celui-ci. L'animatrice de pastorale et moi avons demandé que ces oeuvres nous soient prêtées afin de les présenter aux paroissiens durant le temps des Fêtes. Nous avons organisé deux soirées porte-ouverte avec ambiance musicale et différentes gâteries. (le texte continue après la photo)

Tout au long de mon ministère, j'ai beaucoup aimé aussi provoquer une rencontre lors de la fête de la Sainte Famille (entre la Nativité et le Jour de l'An), souvent un dimanche après-midi, où les gens se rassemblaient autour de la crèche de l'église pour recevoir une bénédiction spéciale de leur pasteur. Parfois, il y avait même du chant, un atelier de bricolage, ou une brève pièce de théâtre jouée par des jeunes (Les trois fils, le vert, le rouge et le blanc...Un beau conte!). Beaucoup de bénévoles impliqués, comme toujours, et de la joie en abondance!

En terminant, l'une de mes dernières années à Ste-Maria-Goretti/Ste-Germaine-Cousin, j'avais invité les gens à publier une photo de leur crèche sur notre page Facebook avec un petit mot nous expliquant ce qu'elle signifiait pour eux. Souvent, elles s'avéraient un précieux objet, un térsor, non par sa valeur monétaire, mais par les souvenirs familiaux s'y rattachant. Personnellement, j'ai toujours le petit Jésus de cire ayant appartenu à ma mère et à ma grand-mère. Il a été restauré deux fois, surtout les cheveux -véritables- dans sa longue existence de...plus de cent ans (probablement plus près de cent vingt-cinq ans, selon mon calcul)! Pas besoin de vous dire que  j'ai toujours la larme à l'oeil quand je le dépose délicatement et avec tant de respect entre Joseph et Marie.

Dieu s'est fait petit enfant...

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La semaine prochaine: Donner au suivant