Articles

Affichage des articles du avril, 2024

Un problème? (17)

Image
  L'un des corridors du Grand Séminaire Être convoqué au bureau du recteur du Grand Séminaire, en fin d’année, c’est aussi stressant qu’être appelé à celui du directeur d’école, vraiment. J’en avais mal au ventre. Mais qu’ai-je donc fait pour mériter cela (réaction surprenamment infantile, non?)? Rien de mal, assurément. Mais celui-ci me dit qu’ils me garderont une année de plus, sous observation… Quoi? Je vous inquiète? Je n’ai pas fait ce qu’il fallait? Pourtant… « Non -me dit-il- tu es un bon candidat, obéissant, à l’écoute, au service des autres. Nous t’apprécions à plusieurs égards. Ton accompagnateur fait une bonne évaluation de toi, ton responsable de groupe aussi. Tes confrères aiment ce que tu es. Sauf que, nous ne voulons pas créer de précédent, et tu serais le premier candidat de l’histoire à passer au stage en paroisse après seulement un an ici. Avouons-le, c’est peu, une année, pour vérifier tout ce que nous voulons vérifier d’un futur prêtre, en particulier son appel

Pas gratuit... (16)

Image
  Chapelle du Grand Séminaire de Montréal (avant déménagement récent ) Dès 11 ans, camelot pour La Presse (mon frère et moi avions une route d’au moins soixante clients), organiste titulaire de ma paroisse dès 15-16 ans, travaillant aussi chaque été à partir du Collégial (employé d’une concession de crème glacée à Terre-des-Hommes et à la Ronde pendant quelques saisons / épuration de dossiers au Ministère québécois du travail avec une douzaine d’autres étudiants / peinture et autres menus travaux avec mon père, qui acceptait des contrats pour arrondir les fins de mois, et j’en passe), j’ai pu économiser suffisamment pour payer une bonne partie de mes études (mes parents me soutenant aussi) et ne pas contracter de dettes. Le Grand Séminaire, avec raison, n’est pas gratuit. Le logement, la nourriture, les cours, tout cela a un coût, sans oublier l’entretien d’une telle bâtisse et la rémunération des nombreux employés, dont les prêtres résidents actifs. Malgré les sous que j’avais, comm

Bonne fête, p'tit frère! (Article hors-série)

Image
  Je ne peux passer sous silence que mon frère (adopté, comme moi, mais pas des mêmes parents biologiques) aurait eu 65 ans aujourd’hui, 16 avril. Il me manque tellement. Nous étions si proches. Il ne fallait pas faire du mal à mon frangin, vous auriez eu affaire au grand frère. Nous avions 22 mois de différence et certains de mes amis n’appréciaient pas toujours sa présence dans nos jeux (collés un jour, collés toujours) mais c’était à prendre ou à laisser! Il vient avec nous ou je ne vais pas avec vous! Nous faisions la paire. Très différents l’un de l’autre, mais d’inséparables complices. J’étais pince-sans-rire et lui excessivement ricaneur, ce qui a donné lieu à de cocasses sinon embarrassantes situations (pour lui!) à l’église ou lors de notre tournée de camelots, entre autres. Je savais comment déclencher ses fous rires et avoir moi-même l’air si innocent. Mon frère était plutôt beau garçon, rieur, aimable, plein d’entregent,   serviable, comblé de qualités et de talents, mais

Dépaysement (15)

Image
L’ami qui m’avait présenté le Grand Séminaire, avait terminé sa formation (entrait donc en stage) et me proposa gentiment de me prêter ses rideaux et autres accessoires utiles pour faire de ma nouvelle chambre un endroit agréable à habiter. Au quatrième étage de l’imposant édifice, presque au-dessus de l’entrée principale, je me revois, le premier soir, assis à la fenêtre ouverte, contemplant la grande ville au-delà des murs. Les bruits ambiants submergent mes sens. J’ai vécu jusque-là à Montréal-Nord qui, à l’époque, faisait partie de la banlieue paisible et tranquille de la métropole, surtout le soir. Je suis passé de cette ambiance feutrée à l’agitation du Centre-Ville qui ne dort jamais. Les larmes ont coulé, l’émotion était forte. Que sera demain? Que seront les prochaines semaines? Pour la première fois de mon existence me voilà ‘pensionnaire’, à 25 ans, avec une soixantaine d’autres gars, moi qui avais toujours fréquenté des écoles mixtes et refusais catégoriquement les proposit

« Bienvenue! » (14)

Image
  Je ne me souviens pas de toutes les démarches nécessaires pour entrer au Séminaire, mais je sais qu’il fallait une lettre au recteur (avant une rencontre officielle avec lui) expliquant nos motivations, des détails sur notre scolarisation jusque-là (et nos résultats) et autres expériences pertinentes (comme mes engagements en paroisse, groupe de prière, et le Café chrétien, notamment), ainsi qu’un billet de médecin attestant de notre bonne santé… Je fis ce qu’il fallait. Vint le jour de la rencontre avec le prêtre responsable du GSM, plusieurs semaines après le début des démarches. Je suis alors vers la fin de mon baccalauréat en théologie. Le trac au plafond, j’arrive à la porte de son immense bureau, à l’heure convenue. Je prie fort pour que le Seigneur me calme et me guide. Après la poignée de main d’accueil, le recteur qui me pose diverses questions, me demande des précisions, etc. Il me demande, par exemple, si une communauté chrétienne peut vivre sans prêtre et donc sans l’Eu