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Affichage des messages du mai, 2025

Pauvre papa! -1 (61)

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Je vous situe: nous sommes en 1980, les cols bleus de la ville de Montréal ont déclenché une grève générale illimitée. Mon père, Roland, a été promu contremaître quelques mois auparavant et doit assurer les services essentiels à la chaufferie. (on comprend que sa promotion faisait partie d'une stratégie de la Ville, mais mon père avait bien mérité ce poste après tant d'années de service.) Son métier: mécanicien de machines fixes (ou ingénieur stationnaire). Il a réussi à atteindre cet échelon à force de beaucoup d'études et d'efforts. L'endroit où il travaille fournit la vapeur nécessaire au chauffage d'une grande partie des édifices municipaux, le tout fonctionnant grâce au gaz naturel. Donc, pas de blague à faire, le niveau de dangerosité est élevé, et le service ne doit pas être interrompu puisque nous sommes en hiver! Mon père doit même dormir sur place, étant le seul à pouvoir fournir légalement ce service. Il a hâte, nous aussi, ses deux fils et son épouse...

Nouveau coloc (60)

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  En 1990, mon curé Jean m'annonce qu'il partira à la fin de l'été 1991. Après un seul mandat de six ans. Il sent le besoin et l'appel à vivre un ministère différent, commençant par l'expérimentation de la vie monastique à Oka. Ce fut un choc pour moi. Je m'attendais à ce qu'il renouvelle et que nous pourrions vivre encore six belles années de ministère ensemble dans une paroisse que nous aimions tant. Et je peux vous dire que les gens appréciaient grandement l'abbé Robillard, particulièrement son écoute, et ses homélies. Je n'étais pas encore debout à cette heure, mais souvent au déjeuner il rentrait au presbytère après une longue marche contemplative ou un temps prolongé de prière dans l'église. Il avait son petit coin à lui, avec bréviaire et Prions en Église, une petite lampe tout près dans les bancs latéraux du choeur... Son désir d'Oka ne me surprenait pas. Mais je perdais un mentor, un ami, un père spirituel.  Qui le remplacera? Forcém...

On étrenne le nouveau -2 (59)

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Pour revenir à la paroisse... Lorsque les gens ont saisi que j'aimais prendre mon temps pour célébrer, et que j'essayais de résumer toute la théologie biblique dans chacune de mes homélies, les poignets portant une montre ont commencé à se lever ostentatoirement à quelques reprises durant la messe, et les rangs s'éclaircissaient de semaine en semaine. Pas dupe, le nouveau, ni blessé de ça. J'avais encore beaucoup à travailler dans ma manière de servir, tout en restant moi-même. Ma conviction profonde, de toujours: prendre du temps pour Dieu ne constitue jamais du temps perdu, au contraire. Je ne citerai pas le 'Petit Prince' mais vous voyez ce que je veux dire: le temps consacré à sa rose... Toutefois, il faut veiller à l'équilibre des choses. La capacité d'attention des humains a ses limites et nos bancs d'église ne se distinguent pas par leur confort. Des sacrements à offrir, il y en avait beaucoup à l'Assomption, à cette époque, je l'ai pl...

On étrenne le nouveau!-1 (58)

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 Au retour des vacances 1989, j'ai vécu la vie habituelle d'un prêtre-vicaire, à grande vitesse. Jean m'avait dit dans son homélie, lors de ma première messe, qu'il me faudrait descendre du Thabor jusque dans la plaine, après la 'lune de miel'.  L'heure était venue. Oh que si! Je n'ai jamais tant fait d'écoute individuelle (counseling) de confessions et d'Eucharisties de toute ma vie. Pour vous faire sourire: un aîné, venu recevoir le sacrement du Pardon, me dit, à la fin: «je ne reviendrai jamais plus me confesser à toi. Je voulais 't'essayer', mais finalement tu es trop jeune, tu manques d'expérience. D'ailleurs, aux messes, je voulais que tu le saches, je te trouve trop 'excité'!» Pas de problème, cher monsieur. Vous avez raison pour ce qui concerne mon manque d'expérience. Mais ne me demandez pas de remboursement, parce que le sacrement est une gratuité de Dieu, et l'absolution ne peut pas être retirée... P...

Silence, on respire! (57)

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 Après le moment béni de mon ordination presbytérale et de ma première messe, l’été et les vacances arrivent rapidement. Dans mon texte précédent, j'ai oublié de vous partager ceci: le jour de son ordination, à la fin de la cérémonie, l'archevêque dévoile au nouveau prêtre et à l'assemblée la nomination qu'il reçoit sur le champ. Cela génère un peu de stress, mais généralement on le nomme vicaire dans la paroisse où il se trouve déjà actif. Il peut y avoir des exceptions pour diverses raisons, mais comme vous vous en doutez, l'évêque a confirmé mon engagement à l'Assomption (pas de mandat précis, toutefois, contrairement aux curés qui en ont un de six ans à la fois) dans un tonnerre d'applaudissements et d'émotion joyeuse de part et d'autre, cela se conçoit facilement. Après une saison pastorale 1988-89 exaltante mais épuisante, un véritable tourbillon incessant, le temps de repos arrivait à point. Avec l’accord de mes confrères de la paroisse, je fa...