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Les premiers pas -1 (36)

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  Je suis un peu sous le choc, dans cette réunion du Conseil de pastorale. Je ne m’attendais pas à une telle demande. J’ai alors très peu d’expérience dans le domaine, en fait. À part ce que j’avais vécu au Grand Séminaire (visite guidée pour des groupes de 6 e année), les projets réalisés avec quelques ados à Ville Saint-Laurent, je n’ai jamais travaillé professionnellement avec ce groupe d’âge. Je n’ai même jamais vécu d’appartenance à un mouvement comme les scouts, ou une équipe de sport. Oui, je me suis beaucoup impliqué dans la musique et la pastorale au Secondaire, comme participant, mais non comme responsable. Dans mon groupe d’amis, de l’enfance à l’adolescence, je pense avoir été un bon ‘leader’ positif, mais de là à fonder et piloter la pastorale-jeunesse dans une paroisse aussi immense que l’Assomption (où l’on trouve à cette époque deux écoles du Secondaire, l’une publique, l’autre privée). Je me sens anxieux et dépassé avant même de débuter. C’est gros. Mais Jésus a dit q

La grande demande (35)

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  À titre de stagiaire en paroisse, on nous demande de nous familiariser avec tous les aspects de la vie d’une communauté chrétienne. Ce fut, bien entendu, le cas à l’Assomption. J’étais particulièrement à l’aise avec cette ‘tournée’ des différents services et comités puisque cela faisait déjà, à vingt-neuf ans, quatorze ans que je m’impliquais en paroisse, particulièrement en liturgie, dont deux années à Ville Saint-Laurent. L’une des démarches proposées m’avait particulièrement ému. Mon curé m’a demandé de l’accompagner dans sa visite régulière du ‘centre d’accueil’ d’aînés, au coin de la rue (immense institution de plusieurs étages, tenue autrefois par des Sœurs de la Providence, et où on trouvait beaucoup de cas ‘lourds’, comme on le milieu). Au Secondaire, grâce au service de pastorale offert à la polyvalente Calixa-Lavallée, j’avais eu la joie de vivre plusieurs projets dans des centres d’aînés, de personnes handicapées non-autonomes, de gens abandonnés par leur famille, ou de

Magnifique 'trinité' (34)

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  Comment décrire cette trinité représentant trois générations et s’entendant à merveille? Un trio d’enfer? Pas vraiment… Un trio ‘céleste’? Proche. J’achevais la vingtaine, mon nouveau curé avançait dans sa décennie de quinquagénaire, et le vicaire marchait joyeusement dans sa vie de septuagénaire. Ce dernier rendait encore de nombreux services à la paroisse, il y tenait, mais toujours dans le respect de ses capacités. Une anecdote : il prêchait régulièrement lors des messes du dimanche. Tous le trouvaient très bon et inspirant. Ils n’en croyaient pas leurs oreilles : un homme assez âgé tellement au fait de la plus récente théologie, tellement articulé et intéressant! Il avait du ton, notre ami Émery! Et de la couleur! Il lisait –avec passion et verve- presque mot à mot, l’homélie proposée dans l’excellente (mais défunte) revue ‘Prêtre & Pasteur’. Nous gardions jalousement le secret. Mais nous savions aussi qu’il n’aurait pas lu quelque chose auquel il n’adhérait pas. Le texte

Et le tapis rouge? (33)

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  J’étais déjà debout près de la porte de son bureau quand le curé Robillard provoqua en moi un mouvement de recul : «Écoute-moi bien. Je suis prêt à t’accueillir comme stagiaire, mais je ne veux surtout pas que…». Que va-t-il me dire? L’anxiété accélère mon coeur. Allais-je partir en courant et devoir demander une entrevue ailleurs? Il m’affirma alors ceci : «J’accepte d’être ton responsable de stage, si ça te va, mais je ne veux pas que tu me prennes comme modèle.» Un mentor, oui, mais pas un modèle. Ne m’imite surtout pas, insiste-t-il. Soulagement. Il tient à ce que je n’essaie jamais de calquer sa vie de prêtre (il a trop de défauts, de toute façon, affirme-t-il; je n’en avais d’ailleurs pas du tout l’intention, croyez-moi) mais que j’œuvre sans cesse à découvrir quel prêtre le Seigneur désire que je sois. Il s’avère primordial d’explorer et de faire advenir mon unique ‘couleur’ pastorale. En fait, ne s’agit-il pas de l’aventure de toute vie humaine (nous sommes tous ‘pasteurs’ de

Bienvenue ou au revoir? (32)

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  Dans l’expectative anxieuse, j’attends que M. Robillard me fasse part de sa conversation avec mon curé de premier stage. M’avait-il noirci aux yeux de l’homme d’Église assis devant moi? Ou pire, démoli? Commençais-je cette rencontre avec un préjugé négatif me précédant et me nuisant? Mais non. Contre toutes attentes, le pasteur de Saint-Hippolyte a mis la faute de mon renvoi sur un ‘banal’ problème de personnalités mal assorties. Apparemment, il me trouvait de nombreuses qualités et forces, et suggérait fortement à M. Robillard de me prendre comme candidat, s’il percevait que nous formerions une bonne équipe. Au final, il n’avait rien trouvé de sérieux pouvant bloquer mon cheminement vers la prêtrise. Je savais pertinemment que c’était le cas, mais quel soulagement pour moi de l’entendre dire clairement! Et Jean (Robillard) de me dire que, paradoxalement, les choses que mon premier responsable de stage m’avait reprochées, lui donnaient le goût de m’accueillir dans son équipe à l’

Histoire de porte (31)

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  Incroyable mais vrai, le souhait de mon petit prophète de cousin s’était réalisé! J’étais nommé, non pas à Notre-Dame de l’Assomption sur la rue Hochelaga, mais à la paroisse l’Assomption-de-la-Ste-Vierge, à Ville de l’Assomption! Je n’en croyais pas mes oreilles. J’exprime ma joie au responsable du personnel. Il se réjouit parce que ma réaction l’inquiétait un peu. C’est quand même loin, me dit-il. Je sais, mais j’ai une voiture, et plusieurs cousins dans l’coin, lui répondis-je. Et moi qui aime tant la nature. Je serai tout près de la rivière et des grands champs, sans compter toutes les richesses de cette municipalité qui se développait de plus en plus et voyait s’y installer nombre de jeunes familles. Mais avant de célébrer la chose, il me faut évidemment rencontrer le curé, Jean Robillard, que je ne connais aucunement. Il a le droit de ne pas vouloir de moi après une entrevue. Et vice-versa; vous comprenez que je porte plusieurs appréhensions après mon expérience précédente…

À 15km de Repentigny (30)

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  J’avais une cousine bien-aimée, Jeanne, décédée trop tôt malheureusement, atteinte d’une maladie dégénérative dans la dernière partie de son existence. Fille d’un oncle du côté maternel, celle-ci était un rayon de soleil dans nos vies. Quels sourire et rire extraordinaires. Outre sa maladie tardive, elle avait vécu plus jeune une période de souffrances intenses, mais elle s’était relevée grâce à sa foi, sa nature optimiste, ses quatre enfants bien-aimés et tous ceux et celles qui l’entouraient de leur compassion et de leur affection. Ma petite famille faisait partie de ses plus proches. Parmi les nombreux souvenirs, je me rappelle sa présence réconfortante lorsque j’arrivai en trombe à Montréal-Nord pour annoncer le suicide de mon ami à ma mère (cela fera 40 ans ce 22 octobre). Jeanne honorait ma mère de sa visite et le beau visage ému et empathique de ma chère cousine me fit beaucoup de bien, tout comme sa chaleureuse accolade, plus parlante que bien des mots. Depuis longtemps, no

L'Assomption de Marie (29)

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  Une tradition de toujours pour ma petite famille : célébrer l’Assomption de Marie (montée au Ciel corps et âme, à la fin de sa vie, par grâce de son Fils) à Notre-Dame du Cap, les 14 et 15 août. Vous connaissez sans doute ce magnifique sanctuaire marial situé avantageusement sur le bord du beau Saint-Laurent à Cap-de-la-Madeleine (Trois-Rivières). Sinon, c’est vraiment à découvrir! Lieu de paix dans lequel la Présence de Dieu s’avère vraiment palpable. Quelle belle histoire que la fondation de ce lieu de prière : le miracle des yeux de la statue dans la vieille chapelle, le pont des chapelets, les guérisons physiques, morales et spirituelles qui se sont accomplies dans cet endroit bénit, par l’intercession de la mère du Christ. Chaque année, les miens et moi trouvions le moyen de participer à la grande neuvaine prêchée, commençant dans la première semaine du mois d’août, un soir ou plus, en général, comme une dernière escapade avant la Rentrée. Nous avions même déjà loué un petit

Le Lac (28)

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  J’ai réalisé, un jour, que je n’avais jamais cessé de travailler, tous les étés, depuis l’âge de 15 ans. Il y avait mon travail d’organiste (parfois dans deux ou trois églises, le même week-end) ainsi que mon emploi d’été. J’essayais de me garder une semaine ou deux de congé avant de reprendre l’année scolaire. Parlant de celle-ci, contrairement à plusieurs de ma génération, et plus encore des jeunes   d’aujourd’hui, je n’ai pas pris de pause après mes études collégiales ou universitaires pour voyager ou pour tout simplement faire autre chose. Ce qui fait que l’été ’86, malgré les circonstances douloureuses, fut l’occasion, enfin, d’arrêter la machine et de souffler un peu. Providence divine? À mon retour de séjour en Gaspésie. Je pris le temps de faire sécher mon matériel de camping avant qu’il ne moisisse! Il faisait bon dans la petite maison familiale de Montréal-Nord. Adoptant un rythme lent, méditatif, priant, je continuais à porter ma réflexion, plutôt sereinement. Et il fall

C'était l'été '86 (27)

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 Fin du mois de juin. Je vivais un cocktail de sentiments difficiles à porter. Colère, incompréhension, questionnement profond, peine, déprime… J’avais tellement aimé cette communauté de Ville Saint-Laurent, et ça s’avérait réciproque. Pourquoi cette ‘mise-à-pied’ qui me semblait tellement imméritée et injuste? Je comprenais bien sûr, avec ma tête, qu’une situation de manque d’affinités et de différence profonde de vision est toujours possible entre un stagiaire et un responsable de paroisse. Voilà des choses qui arrivent. Mais mon cœur et mon âme encaissaient très mal ce choc. De plus, je me sentais humilié de devoir retourner chez mes parents, avec aucune source importante de revenu sinon un peu d’assurance-chômage (en effet, le stage en paroisse avait été modestement rémunéré, selon les normes diocésaines), à 29 ans! Deux de mes amies interviennent alors. Devant ma ‘déconfiture’, prises de compassion, Jocelyne et Francine m’invitent à les accompagner pour leur voyage de camping. F