Messages

Le grand défi (66)

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  Je ne me rappelle plus si c'est à l'automne 1992 ou à l'hiver 1993 -j'étais dans l'épreuve de la maladie terminale de mon père- mais un jour, lors d'un repas au presbytère, le curé Beausoleil me dit qu'il a une proposition à me faire. En avait-il d'abord parlé aux autorités du diocèse? J'imagine que oui. Il me demandait si j'accepterais de piloter un nouveau projet: la pastorale-jeunesse de secteur. Il s'agit ici d'un sous-ensemble d'une région pastorale. Nous vivions dans l'immense Région Est et notre secteur s'appelait L'Assomption-Repentigny. La proposition originale voulait que je lance d'abord cette aventure dans quatre des huit paroisses du secteur et que je demeure vicaire à demi-temps à l'Assomption. Comme le curé avait remarqué une certaine facilité de communication que j'avais avec les jeunes, il se disait que ce serait intéressant que l'un des prêtres du coin tente de rejoindre les ados, souven...

Scout, toujours (65)

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Jeune enfant, mes parents m'avaient proposé de faire partie du mouvement scout de ma paroisse. Étant plutôt solitaire de tempérament, on ne peut pas dire que ça m'attirait vraiment... Mes parents furent désolés que cela ne fonctionne pas parce que nous avions dépassé la date limite d'inscription, mais je m'en réjouis intérieurement. L'an prochain...on verra... Il n'en fut plus jamais question. Cela me rattrapa toutefois...à l'âge adulte! En effet, un jeune scout de l'Assomption, qui était très impliqué dans notre Jeunesse-à-Coeur paroissial, m'approcha pour me demander si j'accepterais de devenir l'aumônier de son groupe d'Éclaireurs des Scouts Baden-Powell. Je demandai moult explications de ce en quoi consistait la tâche. Avec réticence, je décidai de rencontrer le chef de la troupe pour en savoir plus sur l'engagement proposé. Dans un esprit de service et par amour pour les jeunes, j'acceptai cette nouvelle mission. Il me fallai...

La Maison des Jeunes (64)

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À mon avis, c'est mon amie Odette, animatrice de pastorale au Secondaire et très impliquée en paroisse, qui avait suggéré mon nom; j'en fus surpris, mais comme j'oeuvrais auprès des ados depuis quelques années déjà, je compris cette demande: on m'invitait à participer au comité de fondation d'une Maison des jeunes à l'Assomption. Et pourquoi pas? J'ai toujours apprécié les nouveaux défis. On y apprend tant. À cette table (le premier C.A., en fait), outre Odette et moi, s'assoyaient un intervenant-jeunesse qui tenait une maison pour jeunes en difficultés, une conseillère municipale (aussi chef régionale des Scouts Baden-Powell), une ado, le président de la Chambre de Commerce, et quelques autres personnes de la communauté. J'ai beaucoup apprécié ces personnes portant toutes le souci des ados. Une anecdote: à la première rencontre officielle, j'entrai dans le local (La Source, qui appartenait à la paroisse, particulièrement la pasto-jeunesse) et sa...

Fils, voici ta mère (63)

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La souffrance, ma mère l'avait connue sous bien des formes. Mais celle-là... on ne l'attendait pas. L'annonce de mon frère qu'il venait d'être diagnostiqué du SIDA. On en connaissait la cause, bien sûr, mais qui aurait pu prévoir de telles conséquences? Mon père ne l'acceptait pas du tout. Quand mon frère nous visitait, mon père passait la maison à l'eau de javel. Il faut dire que nous sommes alors au début des années '90. La peur régnait. La médication (tri-thérapie) n'existait pas encore, et à coup sûr, le SIDA annonçait la mort à plus ou moins brève échéance. Rappelez-vous les débuts de la pandémie de COVID19 et comment on se sentait en présence des autres dans les lieux publics... Et le taux de mortalité s'avérait bien plus bas que pour ce que certains appelaient au début la peste des temps modernes. Combien de gens se sont d'ailleurs éloignés de nous à ce moment-là... J'ai souvenir d'une amie de Rose qui lui a interdit d'alle...

Pauvre papa! -2 (62)

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( De gauche à droite: mon père Roland, tante-marraine Marie, ma mère  Rose, oncle Léon, son épouse, tante Marguerite, oncle-parrain Maurice, tous décédés depuis si longtemps... Sur cette photo, j'ai dans la vingtaine. ) Nous souffrions beaucoup de la maladie mentale de mon frère bien-aimé -et lui, donc!-(schizophrénie et mythomanie). Et voilà que s'ajoute le mal-être de mon père, suite aux événements dont je vous parlais dans mon texte précédent. Tout cela vécu très discrètement, souvent en silence. Nous n'avions pas l'habitude d'étaler notre vie familiale sur la place publique. Heureusement, de bons amis, dont quelques prêtres nous soutenaient au long des jours. Que dire de l'importance majeure de notre foi au coeur de cette douleur. Quel précieuse richesse. Tout passe, mais l'Amour de Dieu ne passera jamais, notre roc, notre forteresse. Une fois mon paternel à la retraite, son désir de posséder un petit chalet dans les montagnes devint plus impérieux. Orig...

Pauvre papa! -1 (61)

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Je vous situe: nous sommes en 1980, les cols bleus de la ville de Montréal ont déclenché une grève générale illimitée. Mon père, Roland, a été promu contremaître quelques mois auparavant et doit assurer les services essentiels à la chaufferie. (on comprend que sa promotion faisait partie d'une stratégie de la Ville, mais mon père avait bien mérité ce poste après tant d'années de service.) Son métier: mécanicien de machines fixes (ou ingénieur stationnaire). Il a réussi à atteindre cet échelon à force de beaucoup d'études et d'efforts. L'endroit où il travaille fournit la vapeur nécessaire au chauffage d'une grande partie des édifices municipaux, le tout fonctionnant grâce au gaz naturel. Donc, pas de blague à faire, le niveau de dangerosité est élevé, et le service ne doit pas être interrompu puisque nous sommes en hiver! Mon père doit même dormir sur place, étant le seul à pouvoir fournir légalement ce service. Il a hâte, nous aussi, ses deux fils et son épouse...

Nouveau coloc (60)

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  En 1990, mon curé Jean m'annonce qu'il partira à la fin de l'été 1991. Après un seul mandat de six ans. Il sent le besoin et l'appel à vivre un ministère différent, commençant par l'expérimentation de la vie monastique à Oka. Ce fut un choc pour moi. Je m'attendais à ce qu'il renouvelle et que nous pourrions vivre encore six belles années de ministère ensemble dans une paroisse que nous aimions tant. Et je peux vous dire que les gens appréciaient grandement l'abbé Robillard, particulièrement son écoute, et ses homélies. Je n'étais pas encore debout à cette heure, mais souvent au déjeuner il rentrait au presbytère après une longue marche contemplative ou un temps prolongé de prière dans l'église. Il avait son petit coin à lui, avec bréviaire et Prions en Église, une petite lampe tout près dans les bancs latéraux du choeur... Son désir d'Oka ne me surprenait pas. Mais je perdais un mentor, un ami, un père spirituel.  Qui le remplacera? Forcém...

On étrenne le nouveau -2 (59)

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Pour revenir à la paroisse... Lorsque les gens ont saisi que j'aimais prendre mon temps pour célébrer, et que j'essayais de résumer toute la théologie biblique dans chacune de mes homélies, les poignets portant une montre ont commencé à se lever ostentatoirement à quelques reprises durant la messe, et les rangs s'éclaircissaient de semaine en semaine. Pas dupe, le nouveau, ni blessé de ça. J'avais encore beaucoup à travailler dans ma manière de servir, tout en restant moi-même. Ma conviction profonde, de toujours: prendre du temps pour Dieu ne constitue jamais du temps perdu, au contraire. Je ne citerai pas le 'Petit Prince' mais vous voyez ce que je veux dire: le temps consacré à sa rose... Toutefois, il faut veiller à l'équilibre des choses. La capacité d'attention des humains a ses limites et nos bancs d'église ne se distinguent pas par leur confort. Des sacrements à offrir, il y en avait beaucoup à l'Assomption, à cette époque, je l'ai pl...

On étrenne le nouveau!-1 (58)

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 Au retour des vacances 1989, j'ai vécu la vie habituelle d'un prêtre-vicaire, à grande vitesse. Jean m'avait dit dans son homélie, lors de ma première messe, qu'il me faudrait descendre du Thabor jusque dans la plaine, après la 'lune de miel'.  L'heure était venue. Oh que si! Je n'ai jamais tant fait d'écoute individuelle (counseling) de confessions et d'Eucharisties de toute ma vie. Pour vous faire sourire: un aîné, venu recevoir le sacrement du Pardon, me dit, à la fin: «je ne reviendrai jamais plus me confesser à toi. Je voulais 't'essayer', mais finalement tu es trop jeune, tu manques d'expérience. D'ailleurs, aux messes, je voulais que tu le saches, je te trouve trop 'excité'!» Pas de problème, cher monsieur. Vous avez raison pour ce qui concerne mon manque d'expérience. Mais ne me demandez pas de remboursement, parce que le sacrement est une gratuité de Dieu, et l'absolution ne peut pas être retirée... P...

Silence, on respire! (57)

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 Après le moment béni de mon ordination presbytérale et de ma première messe, l’été et les vacances arrivent rapidement. Dans mon texte précédent, j'ai oublié de vous partager ceci: le jour de son ordination, à la fin de la cérémonie, l'archevêque dévoile au nouveau prêtre et à l'assemblée la nomination qu'il reçoit sur le champ. Cela génère un peu de stress, mais généralement on le nomme vicaire dans la paroisse où il se trouve déjà actif. Il peut y avoir des exceptions pour diverses raisons, mais comme vous vous en doutez, l'évêque a confirmé mon engagement à l'Assomption (pas de mandat précis, toutefois, contrairement aux curés qui en ont un de six ans à la fois) dans un tonnerre d'applaudissements et d'émotion joyeuse de part et d'autre, cela se conçoit facilement. Après une saison pastorale 1988-89 exaltante mais épuisante, un véritable tourbillon incessant, le temps de repos arrivait à point. Avec l’accord de mes confrères de la paroisse, je fa...